Les conséquences des activités économiques

activité industrielle fumée d'usine
activité industrielle fumée d'usine

Les conséquences des activités économiques

Quelles activités génèrent le plus de pression et quelles en sont les conséquences sur l'environnement ?

Mise à jour 07 décembre 2022

Alors que jamais autant de ressources alimentaires, de matières premières et d’énergie n’ont été produites et consommées sur Terre, notre modèle économique remet en question la capacité de la biodiversité à fournir les autres services écosystémiques, de la régulation du climat à la qualité de l’eau, en passant par la pollinisation. La biosphère, dont dépend l'humanité, est en train d'être modifiée à un degré sans précédent... Les pressions exercées par les activités humaines sur la nature se sont considérablement accrues ces cinquante dernières années.

1. Les changements d’usage des sols

1. Les changements d’usage des sols

Les changements d’usage des sols, par la fragmentation et la destruction des habitats qu’ils induisent, constituent la pression la plus impactante sur la biodiversité. En France, la principale origine d’un changement d’usage des sols est l’artificialisation, qui transforme des espaces naturels ou agricoles en milieux bâtis (routes et infrastructures de transport, bâtiments...). En moyenne, 66 000 hectares sont artificialisés chaque année en France métropolitaine, soit l’équivalent d’un département en 10 ans. Les prairies agricoles sont le principal milieu impacté par l’artificialisation.

 

Indicateurs ONB

Artificialisation du territoire métropolitain

65 758

ha/an

sur la période 2006-2015

Métropole

Artificialisation du territoire métropolitain

65 758 hectares sont artificialisés chaque année en métropole.

À l’échelle mondiale, les zones humides sont particulièrement touchées : 87 % de la surface des zones humides mondiales a ainsi disparu entre 1870 et aujourd’hui. Les forêts, qui concentrent de forts enjeux liés à la préservation de la biodiversité, sont également concernées. La responsabilité de la France sur cette question est importante, puisque l’importation d’un certain nombre de matières premières comme le bœuf et le cuir, l’huile de palme, le cacao, le soja ou le café entraîne un risque de déforestation dans les pays producteurs. Cette « déforestation importée » est évaluée pour la France à une empreinte écologique d’environ 5 millions d’hectares de forêts dans des pays à risques de déforestation. Enfin, la production énergétique, par la construction de grandes infrastructures comme les barrages hydrauliques, est également un secteur responsable de la modification des milieux naturels sur le territoire national.

2. La surexploitation des ressources

2. La surexploitation des ressources

La surexploitation des ressources naturelles est la seconde pression majeure que la société fait peser sur la biodiversité. L’utilisation des ressources a plus que triplé depuis 1970, et continue de croître. Les modèles d’utilisation des ressources naturelles ont des impacts de plus en plus négatifs sur l'environnement et la santé humaine. Le Groupe international d'experts sur les ressources  estime ainsi que 90 % de la perte de biodiversité et du stress hydrique sont dus à l’extraction et au traitement de ces ressources.

Extraction de minéraux Pixabay licence

 

L'extraction de minéraux

L’extraction de métaux, de minéraux non métalliques (sables, argile), de combustibles fossiles, de biomasse et d’eau a ainsi fortement augmenté depuis 50 ans, en raison de la demande croissante au niveau mondial, liée au développement de nouvelles économies et de nouvelles technologies, notamment fortement consommatrices de métaux et de « terres rares », comme pour l’industrie des hautes technologies (informatique, téléphonie, objets connectés).

La pêche

La surexploitation des ressources naturelles se constate également au niveau alimentaire. Dans le secteur de la pêche, 40 % des stocks de poissons pêchés par des navires français ne font pas l’objet d’une exploitation durable (DCSMM). La carte ci-dessous indique le nombre d’heures consacrées à la pêche dans les mers. Plusieurs espaces maritimes, comme la mer du Nord et la Manche, sont soumis à de fortes pressions liées au secteur de la pêche. Une grande majorité des océans est ainsi concernée par ce phénomène.

Peu d’espaces marins sont exemptés de présence humaine. En effet, à ces flux de pêche doivent être rajoutés les flux de transport de marchandises.

Nombre d'heures de pêche par km² Olivier Debuf / OFB
L'agriculture

Les modes d’agriculture intensive entraînent également la surexploitation de plusieurs ressources ou services. De grandes régions agricoles souffrent de stress hydrique, peu adapté à certaines grandes monocultures comme le maïs. L’irrigation des champs participe alors à intensifier cette situation.

Irrigation d’un champs de maïs
Irrigation d’un champs de maïs

 

La production toujours plus importante de nourriture, de fibres et de bioénergies s’est fait au détriment de nombreux autres services écosystémiques, comme la régulation de la qualité de l’air et de l’eau, la régulation du climat local et la fourniture d’habitats pour les espèces. Des pratiques d’agriculture durable existent tout de même et permettent d’améliorer la qualité du sol et donc la productivité de la parcelle, ainsi que d’autres fonctions et services écosystémiques, tels que la séquestration de carbone.


La France a donc une responsabilité en interne, vis-à-vis de la surexploitation de ses propres ressources, mais également à l’international, puisque l’importation sur le territoire de biens produits à l’étranger induit des impacts sur la biodiversité étrangère.

Toutefois, certains milieux ne sont pas surexploités. C’est le cas des forêts françaises de métropole pour la production de bois. En effet, 61%  seulement de la croissance annuelle des arbres est prélevée chaque année en France.

3. Le changement climatique

3. Le changement climatique

Émissions de gaz à effet de serre
 

Le changement climatique constitue une pression forte sur la biodiversité. Les milieux et les espèces doivent s’adapter rapidement à des changements brutaux, et se trouvent confrontés à des événements climatiques et naturels extrêmes (incendies, inondations, tempêtes...) de plus en plus fréquents. La hausse du niveau des mers et l’acidification des océans sont également des conséquences du changement climatique auxquelles les espèces doivent faire face. Toutes ne sont pas en capacité de s’adapter, ce qui entraîne une uniformisation de la biodiversité.

Les activités économiques, par l’émission en quantités toujours plus importantes de gaz à effet de serre, sont la cause directe du changement climatique. La nature,  qui  joue un rôle de régulation de la qualité de l’air à travers l’absorption de certains volumes de polluants, n’arrive pas à absorber les quantités croissantes de gaz à effet de serre émises au niveau mondial. En 2017, les émissions de gaz à effet de serre de la France dépassaient d’environ 7 % les objectifs Climat fixés au niveau national.

Répartition et évolution des émissions de CO2 équivalent (CO2e) Olivier Debuf / OFB
Répartition et évolution par secteur des émissions de CO2 équivalent (CO2e) en France Olivier Debuf / OFB

Afin de simplifier l’analyse des émissions de GES, un indicateur a été créé : le  CO2équivalent (CO2e), exprimé en tonnes. Il correspond à l’agrégation des émissions des 7 gaz à effet de serre majeurs (CO2, CH4, N2O, PFC, HFC, SF6, NF3) en prenant en compte leur pouvoir de réchauffement global (PRG) à 100 ans. Le CO2 est le principal contributeur aux émissions de GES en France métropolitaine, suivi du méthane et du protoxyde d’azote. 

Les GES sont globalement en baisse depuis 1990, sauf les HFC qui ont connu une période de forte hausse jusqu’en 2016 et les NF3 dans les années 2000.

En France, les principaux secteurs émetteurs de GES sont le transport, le résidentiel/tertiaire, l’agriculture, l’industrie manufacturière et la transformation d’énergie.

Ces grands secteurs économiques ont connu une baisse globale de leurs émissions de GES depuis une trentaine d’années, après un maximum en 1991. Un plateau peut être observé de 1990 à 2005, suivi d’une diminution des émissions jusqu’en 2014, puis une période irrégulière, marquée pat une augmentation modérée pour certains GES.  

Les milieux et les espèces doivent s'adapter
 

Le changement climatique entraîne de nombreuses conséquences, comme l’avancement de la date des vendanges  ou de la migration de certaines espèces d’oiseaux.

 

Quelques espèces d'oiseaux migrateurs

Bergeronnette printanière (Motacilla flava) en vol à Patrimonio (Corse) Franck Fetzner / OFB
Bergeronnette printanière (Motacilla flava) en vol à Patrimonio (Corse)
Loriot d'Europe (Oriolus orilus) Franck Fetzner / OFB
Loriot d'Europe (Oriolus orilus)
Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) Franck Fetzner / OFB
Tourterelle des bois (Streptopelia turtur)

Dates de vendanges en France métropolitaine

-18

jours

en 2019

Métropole

Dates de vendanges en France métropolitaine

La date moyenne des vendanges a avancé de 18 jours entre la décennie 1965-1974 et la décennie 2010-2019.

Date d'arrivée des oiseaux migrateurs

-3,9

jours

sur la période 1986-2023

Métropole

Date d'arrivée des oiseaux migrateurs

Les oiseaux migrateurs arrivent en France en moyenne 3.9 jours plus tôt en 2023 qu’en 1986 à la Pointe de Grave.

4. Les pollutions

4. Les pollutions

Pollution de la Seine à Guitrancourt (Yvelines) Michel Monsay / OFB
Pollution de la Seine à Guitrancourt (Yvelines)

Les principales pollutions auxquelles la biodiversité doit faire face aujourd’hui sont d’ordre physico-chimique ou concernent le plastique. Certaines sont mal connues, comme les pollutions médicamenteuses. Ces pollutions peuvent avoir des conséquences sur l’alimentation, les comportements, la santé ou encore la reproduction des espèces (perturbateurs endocriniens). Elles peuvent également se retrouver dans l’alimentation humaine, via la chaîne alimentaire.

 

Les pollutions physico-chimiques
 

En France, certaines pollutions physico-chimiques ont vu leur niveau diminuer dans les cours d’eau grâce à des mesures d’interdiction prises par les pouvoirs publics. Ainsi, le taux d’orthophosphates a diminué de 37 % entre 1998 et 2017 en métropole. Cette réduction est liée à certaines règlementations, comme l’interdiction des phosphates dans les produits de lessive.

 

Indicateurs ONB

Évolution de la pollution physico-chimique des cours d'eau en métropole

-12

%

sur la période 1998-2017

Métropole

Évolution de la pollution physico-chimique des cours d'eau en métropole

La pollution des cours d'eau par les nitrates a baissé de 12 % entre 1998 et 2017.

La pollution par les plastiques
 

La pollution par les plastiques a également un impact très important sur la biodiversité, que ce soit la pollution par macroplastiques (objets entiers ou morceaux dont la taille est supérieure à 5 mm) ou microplastiques (particules de très petite taille, inférieure à 5 mm).
 

Mouette tentant d’ingérer un gant en plastique
Mouette tentant d’ingérer un gant en plastique


Ces pollutions se retrouvent dans les sols et l’eau (milieux aquatiques, marins et littoraux), et provoquent des dégradations d’habitats. Les animaux peuvent également ingérer ces déchets ou s’enchevêtrer dedans. La France a donc une responsabilité importante en la matière puisqu’elle a produit, en 2016, 5,7 millions de tonnes de produits plastiques, générant 4,5 millions de tonnes de déchets, soit environ 67 kg par personne. Malgré les dispositifs de collecte sélective des déchets existant en France, seuls 21 % des déchets plastiques sont recyclés, alors que 76 % sont incinérés, empêchant toute revalorisation

Chaque année, environ 80 000 tonnes de plastiques sont rejetées dans la nature, entraînant des impacts importants sur les écosystèmes concernés.

La pollution plastique aurait également des effets sur les services écosystémiques fournis par les insectes.

 

 
La pollution lumineuse
 
Éclairage nocturne le long d’une route
Éclairage nocturne le long d’une route

 

Enfin, la pollution lumineuse constitue elle aussi une pression importante sur la biodiversité. Le développement de l’éclairage urbain (lampadaires) et privé (devantures de magasins, éclairage de serres, d’entrepôts et de domiciles) a considérablement modifié l’environnement nocturne, limitant les espaces de « nuit noire » à quelques endroits du territoire national. Corrélé aux zones artificialisées, l’éclairage nocturne constitue une nouvelle forme de fragmentation des espaces pour la biodiversité. Certaines espèces sont en effet contraintes de modifier leurs déplacements, quand d’autres voient leur cycle biologique bouleversé. La croissance de certaines plantes est ainsi modifiée et la plage horaire de chasse de certaines espèces est rallongée, ce qui peut entraîner certains déséquilibres au sein des écosystèmes. La lumière joue également un effet piège pour certaines espèces et entraîne des mortalités par collision.
 

Ces nombreux types de pollutions agissent comme autant de pressions auxquelles la biodiversité doit faire face. Chaque forme de pollution appelle une réponse différente.

5. Les espèces exotiques envahissantes

5. Les espèces exotiques envahissantes

Les espèces exotiques envahissantes sont des espèces animales ou végétales capables de coloniser des milieux, menaçant la diversité biologique. En entrant en compétition avec les espèces présentes dans l’écosystème, elles peuvent déséquilibrer celui-ci et entraîner le déclin de certaines espèces.

Les espèces exotiques envahissantes sont souvent introduites par les activités humaines, de façon volontaire ou accidentelle. L’accroissement des flux internationaux du fait des échanges commerciaux, du tourisme international et des flux de transports a facilité le déplacement de ces espèces. Un lien direct est donc aujourd’hui établi entre commerce international et développement des espèces exotiques envahissantes. La France métropolitaine et les Outre-mer sont concernés par ces enjeux. Les milieux insulaires, dans lesquels les espèces locales n’ont pas développé de capacités défensives, sont ainsi particulièrement vulnérables. Aujourd’hui, 60 des 100 espèces décrites comme parmi les plus envahissantes au monde sont présentes dans les Outre-mer français, qui sont des points chauds de biodiversité (ou hotspots), c’est-à-dire des zones possédant une grande richesse de biodiversité menacée par l’activité humaine.

Ces espèces engendrent des coûts liés aux mesures de lutte, mais également des coûts liés aux dommages qu’elles provoquent.

 

Indicateurs ONB

Nombre d'espèces en Outre-mer parmi les plus envahissantes au monde

60

sur 100 des espèces les plus envahissantes au monde

en 2016

Outre-mer

Nombre d'espèces en Outre-mer parmi les plus envahissantes au monde

Parmi les 100 espèces les plus envahissantes au monde, 60 sont présentes dans au moins un Outre-mer français.

Ce qu'il faut retenir ...

L’empreinte écologique de l’humanité a ainsi augmenté de plus de 190 % entre 1970 et aujourd’hui.

Source : lien

6. Filières et activités à l'origine de ces pressions

6. Filières et activités à l'origine de ces pressions

Le Plan Biodiversité, publié en juillet 2018 par le Gouvernement, définit quatre secteurs prioritaires

  • l’agro alimentaire,
  • l’énergie
  • le batîment
  • les matériaux et la chimie

Ces secteurs ont la particularité de faire peser plusieurs types de pressions sur la biodiversité.

Le secteur agroalimentaire

Le secteur agroalimentaire comprend les filières de production (secteur agricole), situées en amont, et celles de transformation, en aval. Le secteur agroalimentaire exerce des pressions sur la nature via ses deux composantes, production et transformation.

Usine de transformation agro-alimentaire
Usine de transformation agro-alimentaire

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le secteur agroalimentaire dispose d’un poids économique important au niveau national. La valeur marchande des biens issus de l’agriculture est estimée à 74,3 milliards d’euros en 2015, pour un nombre d’actifs agricoles estimé à 700 000 ETP (Equivalent temps plein) en 2016. Les industries alimentaires employaient en 2016 l’équivalent de 380 000 ETP, pour un chiffre d’affaire de 167 milliards d’euros.

La production agricole engendre différents types de pressions et d’impacts sur la biodiversité. Elle implique tout d’abord un prélèvement en eau important. En 2013, 2,7 milliards de m3 ont ainsi été utilisés pour un usage agricole, ce qui correspond à 1 700 m3 / ha irrigué. L’usage agricole est ainsi comparable aux usages industriels et concerne principalement l’irrigation, qui se pratique sur 5 % de la SAU. Certains types de cultures et départements concentrent donc les pratiques d’irrigation et ont une consommation d’eau très importante. Le secteur agricole contribue également à la pollution des sols et des eaux par l’utilisation d’engrais et de produits phytosanitaires. La vente de produits phytosanitaires à usage agricole a ainsi augmenté de 25 % sur la période 2016-2018 par rapport à 2009-2011 (lien indicateur). De même, la production agricole est à l’origine de 20 % des émissions françaises de gaz à effet de serre, contribuant au changement climatique. En effet, les principaux gaz émis par le secteur agricole sont le méthane et le protoxyde d’azote, qui ont un pouvoir de réchauffement global très largement supérieur au dioxyde de carbone (CO2). Alors que les émissions du secteur ont diminué légèrement depuis 1990, la part du secteur dans le total des émissions françaises a progressé.

Le secteur agroalimentaire est enfin responsable d’une quantité importante de pertes et de gaspillage de la production agricole. En moyenne, 150 kg de production agricole par habitant sont ainsi gaspillés. Ces pertes interviennent à chaque étape,  production agricole, transformation et consommation.

Toutefois, le secteur agroalimentaire subit également différentes pressions qui impactent la biodiversité. En France, le secteur agricole est confronté à des changements d’utilisation des sols. La grande majorité de ces changements concerne des terres agricoles qui disparaissent au profit de territoires artificialisés. Entre 2006 et 2012, près de 100 000 hectares ont changé d’utilisation. Ces pertes dépendent de différents facteurs comme le développement de l’urbanisation, la déprise agricole ou l’attractivité touristique. L’agriculture est également concernée par les effets du changement climatique.

L’agriculture contribue enfin à la préservation de certains milieux particulièrement riches en biodiversité, comme les prairies et les pâturages. Pour autant, ces milieux sont en régression en métropole (-8% de surface toujours en herbe entre 2000 et 2010), notamment du fait du changement d’affectation des sols. Ils constituent les espaces les plus touchés par l’artificialisation en métropole.

 

Indicateurs ONB

Évolution des surfaces de grands espaces toujours en herbe

-7,9

%

sur la période 2000-2010

Métropole

Évolution des surfaces de grands espaces toujours en herbe

La surface des grands espaces de prairies permanentes a diminué de 7,9 % en métropole entre 2000 et 2010.

Le secteur de l'énergie

Le secteur de l’énergie représente 133 100 ETP en France en 2018. Il comporte de nombreuses filières de production, transformation ou acheminement.

La consommation primaire de la France s’élève à 248,7 Mtep en 2018, en baisse de 0,6 % par rapport à 2017. En 2018, le bouquet énergétique primaire réel de la France se compose de 41,1 % de nucléaire, 28,6 % de pétrole, 14,8 % de gaz naturel, 11,4 % d’énergies renouvelables et déchets, et 3,7 % de charbon

Dans le secteur de l'énergie on distingue plusieurs types d'énergies plus ou moins propre :

 

Combustibles d'origine fossile : les énergies non renouvelables
 
Plateforme pétrolière dans l’océan
Plateforme pétrolière dans l’océan

La France dépend de pays étrangers pour se fournir en combustibles d’origine fossile. La production d’énergie à partir de combustibles fossiles présente de nombreux risques et engendre des impacts sur la biodiversité à chaque étape de leur utilisation : extraction, transport et raffinement des produits pétroliers et gaziers. Ces risques sont présents à la fois sur le territoire national et à l‘étranger, la France important en grande partie ces produits.

  • Les exploitations minières pour l’extraction des combustibles induisent un bouleversement du territoire sur lequel se situe le site (création d’un nouveau paysage, destruction des milieux, modification du fonctionnement des écosystèmes).
     
  • Les infrastructures de transport présentent également des risques pour la biodiversité puisqu’elles consomment d’importants espaces. Elles entraînent ainsi une perte et une fragmentation des habitats. De plus, il existe des fuites importantes tout au long du transport des combustibles, entraînant une pollution des milieux.
     
  • La production de gaz et de pétrole comporte des impacts géologiques (affaissement des sols), ainsi que de nombreux rejets atmosphériques ou liquides. Ces rejets sont inégalement contrôlés et traités. En particulier, les raffineries illégales compromettent le bon état des écosystèmes alentours ainsi que la santé des travailleurs et riverains. De plus, les opérations de traitement entraînent elles aussi des rejets liquides ou atmosphériques qui polluent les milieux. L’utilisation de ces combustibles va également générer des rejets atmosphériques ainsi que d’autres types de pollutions (dont sonore).

La France, en important la grande majorité des combustibles fossiles utilisés, impacte donc également les écosystèmes des pays producteurs.
 

Le cas de l'électricité
 
Centrale nucléaire de Cruas (Ardèche) Maarten Sepp 
Centrale nucléaire de Cruas (Ardèche)

La grande majorité de l’énergie primaire produite en France est électrique. L’énergie nucléaire est la première source de production d’électricité en France, et représentait 71% de cette production en 2017 (Source : EDF).

La production d’électricité n’est pas exempte d’impacts sur la biodiversité. En effet, les centrales thermiques génèrent des rejets de gaz à effet de serre. Le nucléaire, par les rejets d’eau chaude ou les rejets accidentels de particules irradiées comporte également des risques pour la biodiversité.
Enfin, les infrastructures de transport de l’électricité peuvent agir pour certaines espèces comme des installations fragmentantes, entraînant des collisions avec certains groupes d’espèces, comme les oiseaux.

Les énergies renouvelables, qui servent à produire essentiellement de l’électricité, comportent également des risques pour la biodiversité.

 

Les énergies renouvelables
 
Éoliennes sur la falaise du Cap Fagnet (Fécamp, Seine-Maritime) Camille Delage / OFB
Éoliennes sur la falaise du Cap Fagnet (Fécamp, Seine-Maritime)

La part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de la France métropolitaine a rapidement progressé ces dernières années, pour atteindre 10,9 % en 2016 (et 11,4 % en 2016). Les énergies renouvelables constituent ainsi la quatrième source d’énergie primaire en 2016.

Les énergies renouvelables entraînent plusieurs types d’impacts sur la biodiversité, qui peuvent être négatifs ou positifs. Bien qu’affectant peu les milieux naturels et produisant beaucoup moins de pollutions et de gaz à effet de serre, le développement des énergies renouvelables n’est ainsi pas sans conséquences sur la biodiversité. Ces impacts sont pour la plupart identifiés mais peu documentés.  

Toutes les sources d’énergie renouvelable conduisent à une perte ou une fragmentation des habitats pour certaines espèces, en raison de la surface nécessaire aux grandes installations, ainsi qu’à une perturbation des comportements biologiques (par exemple modification des couloirs de migration dans le cas des éoliennes). Les énergies éolienne et hydraulique peuvent entraîner également des mortalités, notamment chez certains oiseaux ou poissons. L’énergie hydro-électrique ainsi que la bioénergie et les biocarburants sont en outre émetteurs de gaz à effet de serre. Enfin, plusieurs types d’énergies renouvelables sont à la source de pollutions diverses lors de la production de leurs composants

Le secteur du bâtiment

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) occupe une place importante dans l’économie française, avec plus de 140 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 1 400 000 salariés, Il regroupe de nombreuses activités, très diverses, allant de l’extraction, à la construction et l’entretien des infrastructures et bâtiments.

L’artificialisation des espaces naturels est la principale pression qui pèse aujourd’hui sur la biodiversité. En France métropolitaine, l’équivalent de la surface d’un département est artificialisé tous les 10 ans.

À titre d’exemple, l’Île-de-France, région la plus consommatrice de matériaux de France, importe chaque année plus de 45 % de ses besoins depuis les régions périphériques ou l’étranger. En important ces matériaux, la France impacte donc aussi les écosystèmes étrangers.

Chaque année en Europe, les infrastructures bâties consomment plus de 1 000 km2 de terres agricoles ou d’espaces naturels. La moitié, soit 500 km2, est rendue imperméable par des revêtements artificiels (bitume, béton). L’urbanisation croissante affecte la biodiversité et les services écosystémiques que celle-ci rend à la société de plusieurs façons. Elle se traduit ainsi par l’imperméabilisation des sols, la perte du couvert végétal, ou encore la fragmentation des milieux naturels.
 
La réalisation d’un bâtiment ou d’une infrastructure impacte la biodiversité de manière directe (sur le site) et indirecte. On appelle « biodiversité grise » la biodiversité constituée par l’ensemble de la faune et de la flore impactées directement et indirectement par la création du bâti.

Les activités d’extraction, de transformation et de transport des matériaux, ainsi que leur devenir en fin de vie du bâtiment ont également des effets sur la biodiversité. La phase d’extraction des matériaux, dans des carrières, implique une destruction et une modification importante des milieux naturels du site, ainsi qu’un dérangement important lié aux activités. Face à cette artificialisation croissante et aux pressions du secteur sur la biodiversité, les pouvoirs publics ont mis en place deux dispositifs afin de limiter cette dynamique. La loi Biodiversité de 2016 rend obligatoire la séquence « Éviter –réduire- compenser », qui s’applique en phase de conception du projet, lors du chantier, et se poursuit au-delà de la réalisation de l’infrastructure. Cette séquence vise à limiter au maximum les impacts sur la biodiversité, par une première phase d’évitement des impacts. Ceux qui ne peuvent pas être évités doivent alors être réduits. Dans un troisième temps, les impacts résiduels doivent être compensés, via la restauration de milieux, voire tendre à un « gain net de biodiversité ». La séquence ERC s’impose donc pour les grandes réalisations du BTP et implique une meilleure prise en compte de la biodiversité à chaque étape du projet.

Le plan Biodiversité (2018) ajoute à cela un objectif de « Zéro artificialisation nette ». Cette mesure a donné lieu à la création d’un Observatoire de l’artificialisation, qui vise à surveiller l’évolution de celle-ci. L’objectif de zéro artificialisation nette implique de repenser le développement urbain et de mettre en place de nouvelles techniques, notamment de désimperméabilisation des sols.

De nombreuses pistes se développent afin de limiter les impacts du bâtiment sur la biodiversité. Le renforcement des filières de recyclage des déchets du BTP en milieu urbain, le développement des filières de matériaux bio-sourcés, comme le lin, le chanvre ou la paille, ou encore la végétalisation des villes constituent plusieurs solutions mobilisables. Certains labels, comme BiodiverCity, prennent en compte la performance environnementale de la construction.

Le secteur de la chimie
 

Le secteur de la chimie comprend notamment l’ensemble des industries fabriquant des produits pharmaceutiques, phytosanitaires, cosmétiques… Il s’agit du premier secteur industriel exportateur en France pour 74 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 170 000 emplois.

Deux types de pressions sont principalement générées via cette filière :


Le rejet de composants chimiques
 

La principale pression exercée par ce secteur sur la biodiversité est la pollution des milieux, par les rejets diffus ou ponctuels de composants chimiques dans l’environnement. Ces composants sont appelés micropolluants. Ils sont définis par le Plan national micropolluants 2016-2021 comme « une substance indésirable détectable dans l’environnement à très faible concentration. Sa présence est, au moins en partie, due à l’activité humaine (procédés industriels, pratiques agricoles ou activités quotidiennes) et peut à de très faibles concentrations engendrer des effets négatifs sur les organismes vivants ».
Ces pollutions peuvent donc avoir comme source des produits d’origine organique ou minérale, des produits phytosanitaires (pesticides), médicamenteux, ou plastiques...

Les produits phytosanitaires utilisés dans le cadre des pratiques agricoles peuvent avoir un impact direct sur certaines espèces présentes sur site. Une partie des produits peut également se retrouver lessivée et/ou s’infiltrer dans le sol, et terminer in fine dans les cours d’eau. Le caractère nocif des produits phytosanitaires dits « néonicotinoïdes » pour les pollinisateurs et les invertébrés a également été mis en avant. De façon générale, on observe une baisse de la pollution des cours d’eau par les pesticides en France métropolitaine et en Outre-mer depuis 2008.
 

En France, les pollutions des cours d’eau et des nappes sont notamment surveillées dans le cadre de la Directive cadre sur l’eau, mise en place au niveau européen en 2000.
 

Évolution de la pollution des cours d'eau par les pesticides en métropole

-20

%

sur la période 2008-2018

Métropole

Évolution de la pollution des cours d'eau par les pesticides en métropole

La pollution des cours d'eau métropolitains par les pesticides a diminué de 20 % entre 2008 et 2018.

Évolution de la pollution des cours d'eau par les pesticides dans les DOM

-21

%

sur la période 2008-2017

Outre-mer

Évolution de la pollution des cours d'eau par les pesticides dans les DOM

La pollution des cours d'eau des départements d'Outre-mer par les pesticides a diminué de 21 % entre 2008 et 2017.

  Les résidus de médicaments
 

Une vigilance face à de nouvelles formes de pollution a également émergé ces dernières années. Elle concerne par exemple les résidus de médicaments présents dans les milieux aquatiques, qui peuvent être toxiques pour les espèces qui y vivent. Les résidus de produits cosmétiques sont également suspectés d’avoir des impacts importants. C’est par exemple le cas de certaines crèmes solaires sur les récifs coralliens. Enfin, les perturbateurs endocriniens constituent un enjeu environnemental et de santé publique. Cette catégorie, dont les effets sont encore mal connus, regroupe l’ensemble des produits qui modifient le cycle des hormones naturelles au sein de l’organisme. Il s’agit par exemple de résidus pharmaceutiques ou de plastifiants (bisphénols, phtalates).
 

Ces pollutions ont plusieurs conséquences écologiques. Elles altèrent les milieux et affectent les espèces qui y sont exposées. La modification des milieux entraîne l’apparition ou la disparition d’espèces, ce qui a souvent pour conséquence l’appauvrissement de la biodiversité du milieu touché. L’eutrophisation des milieux aquatiques est la conséquence d’une pollution par excès d’apports nutritifs, entraînant la croissance excessive de certaines espèces végétales et conduisant à un appauvrissement en oxygène du milieu et à un déséquilibre de l’écosystème.


Pour limiter les rejets de micropolluants, plusieurs types d’action sont mis en place, notamment en termes de prévention. Les installations industrielles ou agricoles susceptibles de créer des risques ou de provoquer des pollutions ou nuisances sont reconnues installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE). Ces installations sont soumises à un régime de prévention des risques environnementaux, avec certaines règlementations à respecter. Un Registre des Émissions Polluantes (IREP) recense les rejets de polluants effectués par les sites industriels.

 

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