Les écosystèmes et les habitats

écosystème corallien
écosystème corallien

Les écosystèmes et les habitats

Comment évoluent les écosystèmes et habitats en France ?

Mise à jour 08 décembre 2022

Les habitats sont composés d’un milieu (le biotope) et d’êtres vivants qui interagissent entre eux et avec le milieu (la biocénose). Au sein d’un écosystème, différents habitats regroupent des êtres vivants ainsi que toutes les ressources et conditions nécessaires pour répondre à leurs besoins vitaux. Il peut s’agir par exemple de tourbières, prairies, forêts, landes, dunes, etc.

1. Une composante de la biodiversité

1. Une composante de la biodiversité

Indispensables mais menacés

Tous les écosystèmes (marins ou terrestres) participent à un vaste ensemble de cycles complexes et interdépendants (des processus de transport et transformation d’un élément chimique) qui conditionnent la survie des espèces vivantes, dont les humains. Ils rendent des services « écosystémiques » à l’Homme, comme la fertilisation des sols, la purification de l’eau, ou la fourniture de nourriture.

Les écosystèmes étant une composante de la biodiversité, il est primordial de bien connaître leur état et leur fonctionnement afin de les conserver. Il est nécessaire d’évaluer les conséquences de la destruction et des modifications des écosystèmes impactés même si certains effets peuvent être complexes et lents à se manifester, se produire loin des lieux de modifications, ou profiter à certaines personnes.

L’UICN a créé une Liste Rouge des Ecosystèmes sur la base d’évaluations scientifiquement rigoureuses. Elle identifie les écosystèmes les plus vulnérables dans le monde et ayant la plus grande probabilité de disparaître. Cela permet d’évaluer, d’identifier et de suivre l’état des écosystèmes, pour répondre aux enjeux de protection et de gestion durable de la biodiversité. Le Comité français de l’UICN et le Muséum National d’Histoire Naturelle travaillent sur la déclinaison française de cette liste.

Les scientifiques ont répertorié 35 points chauds de la biodiversité sur Terre. Ces régions sont très riches en espèces (au moins 1 500 espèces endémiques vivent dans chacun de ces points chauds) mais aussi très menacées : chaque point chaud a perdu plus de 70 % de sa végétation d’origine. Cinq de ces points chauds se situent en France.

Les points chauds de la biodiversité dans le monde Olivier Debuf, ©OFB 2020

Les écosystèmes sont détruits et fragmentés par le développement et l’expansion rapide et non durable des activités humaines partout dans le monde. Leur fonctionnement se voit altéré et la biodiversité de la planète érodée. La productivité de l’ensemble de la surface terrestre mondiale est réduite de 23 % à cause de la dégradation des sols.

Ce qu'il faut retenir ...

Selon l'IPBES, 75% de l'environnement terrestre (et 66% du milieu marin) ont été « sévèrement altérés » par l’action humaine.

2. L’état des habitats naturels

2. L’état des habitats naturels

La disparition de milieux naturels

En France, la plupart des habitats naturels sont issus d’une interaction entre les activités humaines traditionnelles et des dynamiques écologiques naturelles, à part quelques habitats littoraux, marins, de haute-montagne ou la forêt guyanaise.

Les influences humaines positives ont façonné des mosaïques de paysages riches en biodiversité. À l’inverse, l’abandon dans les dernières décennies de certaines activités, la surexploitation des ressources naturelles (hydrocarbures, sables, minerais), l’intensification de l’agriculture, de la pêche et de la sylviculture, la forte urbanisation et le développement des infrastructures de transport modernes ont eu pour cause une régression importante de ces habitats et de leur diversité, ainsi que leur homogénéisation et celle des paysages qu’ils constituent.

Ainsi, le changement d’occupation des sols et l’intensification des activités de prélèvements des ressources naturelles sont en partie à l’origine de la disparition de milieux naturels, et donc d’une perte de surfaces et d'écosystèmes propices à la biodiversité.

Au sein de l’Union européenne, la directive « habitat-faune-flore » liste les habitats naturels ou semi-naturels d’intérêt communautaire, c’est-à-dire des sites remarquables qui :

- Sont en danger de disparition dans leur aire de répartition naturelle
- Présentent une aire de répartition réduite du fait de leur régression ou de caractéristiques intrinsèques
- Présentent des caractéristiques remarquables

 

Indicateurs ONB

État de conservation des habitats naturels

20

%

sur la période 2013-2018

Métropole

État de conservation des habitats naturels

20 % des écosystèmes remarquables sont dans un état de conservation favorable.


L’état de conservation de ces habitats est évalué tous les 6 ans. Cet état est favorable lorsque l’habitat est prospère (sa superficie est suffisante et ne diminue pas, les espèces y vivant se portent bien et les perspectives que cet état perdure dans le futur sont bonnes), alors que l’état est défavorable si au moins un des critères ci-dessus est mauvais.

Retrouver toutes les vidéos ONB

ONB Vidéo ONB : Préserver et restaurer les habitats naturels
Ce qu'il faut retenir ...

L’état de conservation de ces habitats est évalué tous les 6 ans. Sur la période 2013-2018, 20% des habitats naturels étaient jugés en état de conservation favorable selon l'ONB

3. Les habitats forestiers

La conservation et une exploitation raisonnée afin de favoriser le renouvellement


Les habitats forestiers sont parmi les habitats naturels dont l’exploitation est la mieux encadrée en France (Code forestier, réglementation sur le défrichement, police forestière, etc.). Ils sont à l’origine d’un large panel de biens (bois, et fonctions), dont certains peuvent faire l’objet d’échanges marchands et d’autres non (valeur esthétique d’une forêt dans le paysage, détente et promenade…).

Etat de conservation des habitats forestiers d’intérêt communautaire par région biogéographique (période 2013-2018) Olivier Debuf, ©OFB 2020

Il existe trente habitats forestiers "d’intérêt communautaire”. Les forêts alpines semblent en meilleur état de conservation que les autres formations (atlantique, continentale, méditerranéenne).


Diaporama  sur les habitats forestiers

Conifères dans le Parc national des Cévennes ©Antoine Forget, OFB
Au bord du Scorff (Finistère) ©Sébastien Lamy, OFB
Paysage martiniquais ©Antoine Forget, OFB
Paysage calédonien ©Benjamin Guichard, OFB
Forêt de feuillus dans le Cher ©Sébastien Lamy, OFB
Forêt en Haute-Savoie ©Benjamin Guichard, OFB

Accès aux données de l'inventaire forestier
Inventaire forestier IGN

Le portail forêt de l’IGN donne accès aux données de l’inventaire forestier. Ces données couvrent 60 ans de suivi de la ressource forestière en France métropolitaine et incluent également des données concernant la flore et les habitats.

Ressources

Consulter

Le bois mort et les très gros arbres sont des éléments caractéristiques des habitats forestiers indispensables à de nombreuses espèces. Le volume et la diversité des types de bois mort (debout, couché, à différents stades de décomposition, etc.) offrent différents types de micro-habitats pour certains oiseaux, chauve-souris, mousses, et un grand nombre d’espèces « saproxyliques » (qui ont besoin du bois mort pour tout ou partie de leur cycle de vie). Ces dernières représenteraient près du quart des espèces forestières en métropole, dont beaucoup seraient menacées.

 

Indicateurs de la biodiversité

Très gros arbres et bois mort en forêt

+ 7

%

sur la période 2013-2017

Métropole

Très gros arbres et bois mort en forêt

Le volume des bois morts et très gros arbres des Grandes régions écologiques (GRECO) a augmenté de 7 % en moyenne entre les périodes 2008-2012 et 2013-2017.

Ce qu'il faut retenir ...

Environ un quart des espèces forestières métropolitaines (animales végétales confondues) ont besoin des bois morts qui constituent les micros-habitats nécessaires à leur cycle de vie

4. Les habitats humides et aquatiques

4. Les habitats humides et aquatiques

Agriculture intensive et industrialisation accentuent le phénomène


87 % de la surface des habitats humides présente au 18ème siècle a été perdue. Entre 1960 et 1990, plus de la moitié de la surface des zones humides a disparu en France. Les habitats humides fournissent des biens précieux et rendent de nombreux services. Les zones humides ont plusieurs fonctions écologiques (régulation du climat et des pollutions, à la prévention d’événements naturels (inondations ou sécheresse) et rendent également de nombreux services à l’Homme : approvisionnement en produits indispensables (ressources naturelles comme l’eau ou les productions agricoles) et services culturels et sociaux.

La diminution des surfaces de certains types d’habitats comme les prairies humides, les tourbières et les landes humides, due notamment à l’agriculture intensive et l’urbanisation, entraîne une perte de biodiversité importante, tandis que la dégradation de l'état des milieux humides engendre des impacts sur les populations des espèces les plus sensibles.

 

Indicateurs ONB

État de conservation des milieux humides naturels

6

%

sur la période 2013-2018

Métropole

État de conservation des milieux humides naturels

6 % des écosystèmes humides remarquables sont dans un état de conservation favorable.

Étang de Léon, Réserve Naturelle du Courant d'Huchet (Landes) Romane Dondi / OFB
Étang de Léon, Réserve Naturelle du Courant d'Huchet (Landes)

La plupart des cours d’eau ont été fortement transformés par l’Homme, ce qui impacte considérablement leur naturalité, détruit et altère les habitats associés (ripisylves, prairies inondables, noues, etc.). En outre, la fragmentation des cours d’eau perturbe le cycle de vie de certaines espèces, comme les poissons migrateurs qui ne peuvent plus remonter les rivières. En 2019, il y avait un obstacle à l’écoulement tous les six kilomètres de cours d’eau.

La dégradation de l'état des eaux de surface altère les habitats, certaines espèces perdant ainsi leur lieu de vie, et indique que les pressions sont fortes ou que l'utilisation de la ressource en eau n'est pas durable.

 

Indicateurs ONB

État écologique des eaux de surface

43,1

%

en 2018

Métropole

État écologique des eaux de surface

43,1 % des rivières, des plans d'eau, des lagunes, des estuaires et des mers côtières sont en bon ou très bon état écologique.

Ce qu'il faut retenir ...

Les cours d'eau sont toujours plus fragmentés par l'action de l'Homme : en 2019 on recense en moyenne un obstacle à l'écoulement tous les 6 kilomètres.

5. Les habitats marins et littoraux

5. Les habitats marins et littoraux

Des écosystèmes abondants en nutriments et oxygènes mais extrêmement fragilisés

 

Herbier de posidonie (Posidonia oceanica) du Parc naturel marin du Cap corse et de l'Agriate ©Daniel Buron
Herbier de posidonie (Posidonia oceanica) du Parc naturel marin du Cap corse et de l'Agriate

Les habitats marins sont très riches en espèces sauvages, comme les coraux ou encore les herbiers formés par la Posidonie, une plante à fleurs endémique de la Méditerranée. Ces herbiers sont considérés comme un des écosystèmes les plus remarquables de Méditerranée. Cet habitat est un lieu de vie, d’alimentation mais aussi de ponte pour de nombreux poissons et autres espèces marines.

La France a une responsabilité importante dans la préservation des écosystèmes coralliens puisqu’elle abrite 10 % des récifs coralliens mondiaux (4ème rang mondial avec 55 000 km²), répartis au sein de dix collectivités d’outre-mer tropicales. Ces écosystèmes marins complexes sont d'une biodiversité particulièrement importante. L’évolution de la superficie couverte de corail vivant est l'un des indicateurs pour mesurer l'état de santé de cet écosystème dans sa globalité.

 

 

 

Indicateurs ONB

État de conservation des habitats marins et côtiers

6

%

sur la période 2013-2018

Métropole

État de conservation des habitats marins et côtiers

6 % des écosystèmes marins et côtiers remarquables sont dans un bon état de conservation.

Ressources

Consulter

Site donnant accès à de nombreuses ressources et informations sur les récifs coralliens français
IFRECOR Inititiave française pour les récifs coralliens

Le site de l’initiative française pour les récifs coralliens propose de nombreuses ressources, informations et données sur les récifs coralliens et les herbiers marins de France.

Les habitats côtiers sont très divers, à l’instar des falaises ou des différentes dunes de sable. Les estuaires sont très abondants en nutriments et oxygène, ce qui leur confère un nombre important d’individus de nombreuses espèces. Les marais et prés salés constituent un refuge pour de nombreuses espèces d’oiseaux et certains poissons.

Les mangroves sont des écosystèmes forestiers côtiers importants dont dépendent diverses espèces comme les crocodiles, les serpents, les tigres, les loutres, les dauphins, les oiseaux et un large éventail de poissons, de mollusques et de crustacés. Les mangroves fournissent de nombreuses ressources naturelles (bois, nourriture, fourrage, plantes médicinales et miel) et contribuent également à la protection des récifs coralliens contre l'envasement résultant de l'érosion des terres.

Poster de la mangrove

 

 

 

 

Ce qu'il faut retenir ...

Selon la FAO, la pression démographique, la conversion en zones d'aquaculture, l'agriculture, le tourisme, ainsi que la pollution et les catastrophes naturelles, seraient les causes principales de la destruction de ces habitats marins et forestiers.

6. Les habitats agricoles

6. Les habitats agricoles

Les habitats herbacés, comme les prairies, les pelouses sèches à orchidées et les landes, sont très variés et riches en espèces, accueillant une flore et une faune diversifiées : fleurs, insectes, faune du sol, etc. En milieu agricole, ils sont regroupés sous l’intitulé "Surface Toujours en Herbe" (STH) qui correspond à une surface herbacée, semée depuis au moins 5 ans ou naturelle.  

Ces habitats sont détruits par l’urbanisation et par leur conversion en espaces cultivés de manière intensive. La composition des communautés végétales des prairies est modifiée par l’usage des intrants.

La bonne fonctionnalité de ces écosystèmes et la préservation des espèces associées nécessitent des surfaces suffisamment étendues, denses et connectées à l’échelle du paysage, en plus d’un bon état de conservation.

Les prairies constituent le premier milieu détruit en métropole par l’artificialisation et l’agriculture intensive (retournement et abandon), y compris dans les secteurs de nature remarquable. L’évolution des surfaces toujours en herbe a été calculée dans les petites régions agricoles qui ont au moins 20 % de leur SAU (Surface agricole utilisée) en prairie.

 

Indicateurs ONB

Évolution des surfaces de grands espaces toujours en herbe

-7,9

%

sur la période 2000-2010

Métropole

Évolution des surfaces de grands espaces toujours en herbe

La surface des grands espaces de prairies permanentes a diminué de 7,9 % en métropole entre 2000 et 2010.

Bocage en Nouvelle-Aquitaine Sophie Morin / OFB
Bocage en Nouvelle-Aquitaine

Les haies, éléments boisés et arbustifs, structurent les paysages agricoles métropolitains et constituent de multiples micro-habitats fréquentés par diverses espèces. Associés aux prairies, ils forment le bocage, paysage caractéristique de certaines régions.

La simplification des paysages a notamment affecté ces habitats durant les années 1960. Le remembrement consiste par exemple à créer des parcelles agricoles de grandes surfaces en regroupant plusieurs parcelles agricoles de plus petites surfaces, dans le but d’obtenir des cultures plus rentables.

 

Ce qu'il faut retenir ...

En France les surfaces toujours en herbe et notamment les prairies sont les habitats en zone rurale les plus sujet à la disparition due à l'artificialisation des sols et à l'agriculture intensive impactant directement la faune et la flore.

Votre avis nous intéresse

Comment jugez-vous naturefrance en tant que portail d'information sur les données de biodiversité ?
CAPTCHA Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.