Les pressions sur les milieux humides

Les pressions sur les milieux humides

Comment évoluent les pressions majeures que notre société fait peser sur la biodiversité des milieux humides ?

Mise à jour 04 décembre 2022

Les milieux humides connaissent une diminution importante de leur étendue. Au cours du dernier siècle, plus de la moitié de leur surface a été détruite dans le monde. Les milieux humides subissent en effet de nombreuses pressions d’origine anthropique. Leur préservation porte des enjeux environnementaux, économiques et sociaux importants.

1. La destruction des milieux humides

1. La destruction des milieux humides

Un constat alarmant a été effectué sur la période 1960-1990 : la disparition de 50 % de la surface des milieux humides en France . Cette régression se confirme sur la période 2010-2020, d’après un échantillon représentatif de milieux humides emblématiques à l’échelle nationale. 80 % des sites ont connu des régressions sur au moins un de leurs milieux humides entre 2010 et 2020.
 

Les inspecteurs de l'environnement de l'AFB ont pu constater la destruction d'une zone humide, en travaux - dénaturée par dévégétalisation, terrassement partiel (aplanissement et compactage) et remblai (imperméabilisation). Marc Le Baron / OFB

Ces milieux sont menacés par l’artificialisation des sols et l’agriculture intensive. Ainsi, le drainage agricole (élimination de l’excès d’eau dans le sol) entraîne la perturbation, voire la destruction, de ces zones.


Le développement de l’urbanisation et des infrastructures de transport affectent également les milieux humides.

D’après la dernière évaluation des milieux humides emblématiques, ceux situés en vallées alluviales et sur le littoral étaient fortement impactés par l’aménagement des cours d’eau (recalibrage, rectification, obstacles à l’écoulement des eaux) et la surfréquentation des côtes (hébergement, dégradation des espaces naturels littoraux).

Pertes en surface des milieux humides

80

%

sur la période 2010-2020

Outre-mer

Pertes en surface des milieux humides

80 % des sites ont connu des régressions sur au moins un de leurs milieux humides entre 2010 et 2020

Rythme du drainage agricole en France

5 979

ha/an

sur la période 2000-2010

Métropole

Rythme du drainage agricole en France

5 979 ha de surface agricole sont drainées chaque année en moyenne en France.

Fragmentation des cours d'eau

1

obstacle tous les 4,16 km de cours d'eau

en 2023

Métropole

Fragmentation des cours d'eau

On dénombre en moyenne 1 ouvrage faisant obstacle à l'écoulement de l'eau tous les 4,16 km de linéaire de cours d'eau de métropole en 2023.

2. Les espèces exotiques envahissantes

2. Les espèces exotiques envahissantes

Cette pression est induite par la propagation d'espèces exotiques considérées comme dommageables à la biodiversité dans des écosystèmes où elles n'étaient pas présentes auparavant. Ces espèces exotiques envahissantes se développent au détriment des espèces indigènes, qui risquent de voir leur aire de répartition et leur population diminuer, voire disparaître, en cas de compétition pour les ressources alimentaires.

Les milieux humides sont tout particulièrement vulnérables car l'eau est un propagateur privilégié de ces espèces et la lutte particulièrement délicate, comme pour les jussies, le baccharis ou encore le ragondin…

Le site des Prés Salés Ouest, situé sur la commune de La Teste de Buch, représente une anse de 42 hectares au sud du Bassin d’Arcachon. Nathalie Gauyacq / OFB
Famille de ragondins (Myocastor coypus). Marie Hascoët / OFB
 

Indicateurs ONB

Présence des espèces exotiques envahissantes sur les sites humides emblématiques entre 2010 et 2020

86

%

en 2020

Métropole

Présence des espèces exotiques envahissantes sur les sites humides emblématiques entre 2010 et 2020

86 % des sites humides emblématiques de métropole et d'Outre-mer ont hébergé entre 2010 et 2020 au moins une espèce exotique envahissante.

3. Les pollutions des milieux humides

3. Les pollutions des milieux humides

Parmi les pollutions induites par les activités humaines, on distingue les pollutions organiques, minérales, chimiques et diverses (lumineuses, sonores, olfactives, dérangement, nanotechnologies, radionucléides...).


Les produits phytosanitaires utilisés en agriculture sont à l’origine de pollutions diffuses. Elles sont transférées des zones émettrices (les parcelles cultivées) aux zones réceptrices : les milieux aquatiques. Les polluants peuvent rejoindre ces milieux via le ruissellement à sa surface (lorsque l’intensité de la pluie est supérieure à la capacité d’infiltration du sol) ou par infiltration jusqu’à une nappe souterraine. La capacité d’épuration des milieux humides (lien article services milieux humides) n’est pas illimitée. L’apport excessif de polluants peut conduire à la contamination des milieux aquatiques et à un dysfonctionnement de l’écosystème.

Crapaud calamite (Epidalea calamita) : mâle sur un site de reproduction. Olivier Drillon / OFB

Les amphibiens font partie des espèces des milieux humides les plus menacées. L’arrêté du 8 janvier 2021 fixe la liste des amphibiens et des reptiles protégés du territoire métropolitain et les modalités de leur protection. Ils subissent la pression des pollutions provenant d’activités agricoles (pesticides, fertilisants), en plus de la dégradation de leur habitat et de leurs sites de ponte, du trafic routier (particulièrement lors de la migration printanière).

Parmi elles, le Crapaud calamite se reproduit dans des habitats d’eau temporaires, comme les fossés ou flaques.

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Eaufrance

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Ressources

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4. La surexploitation des ressources des milieux humides

4. La surexploitation des ressources des milieux humides

La surexploitation des ressources naturelles issues de la biodiversité pour satisfaire les besoins humains (alimentation, produits manufacturés...) concourt à l'érosion de la biodiversité directement exploitée, mais aussi de celle dépendant de ces ressources. Concernant les milieux humides, il peut s'agir d'exploitation trop intensive des terres agricoles ou forestières, de prélèvement de tourbe, de prélèvement en eau au-delà des seuils garantissant un bon fonctionnement des milieux humides, etc.


À l’amont des bassins versants, les connexions entre le chevelu de petits cours d’eau et les milieux humides sont nombreuses et indispensables pour soutenir le débit d’étiage des rivières. Or ces milieux de « têtes de bassin » subissent différentes situations d’enterrement du réseau hydrographique conduisant à un asséchement (par busage, drainage et comblement) et induisant des conséquences graves sur la qualité de l’eau, les fonctions hydrologiques et la biodiversité des milieux aquatiques.


L’eau est nécessaire pour de nombreux usages qui dépendent de sa quantité et sa qualité. Mais certains usages peuvent avoir un impact sur la ressource et compromettre à la fois le bon fonctionnement du milieu naturel et les autres usages qui en dépendent. Préserver l’eau, tout en conciliant l’ensemble des usages avec les besoins du milieu naturel, est donc un enjeu d’intérêt général.


Prélèvement et consommation d’eau en France par activités

 

La production d’énergie en France représente 64 % de l’eau prélevée et est essentiellement utilisée pour le refroidissement des centrales thermiques et nucléaires. Ces volumes sont ensuite très rapidement restitués à la nature, à l’endroit même où ils ont été prélevés. La ressource est donc disponible localement et la quantité d’eau effectivement consommée (pas directement renvoyée dans la nature) est relativement faible (environ 30 %).

L’activité agricole équivaut à 9 % des prélèvements. L’eau étant ici principalement utilisée pour irriguer les plantes, même si elle est aussi en partie infiltrée dans le sol ou encore évaporée, la quantité d’eau effectivement consommée est plus importante : environ 45 %. L’eau de pluie utilisée directement par les cultures n’est pas comptabilisée.

Centrale nucléaire de Cruas (Ardèche) Maarten Sepp 
Centrale nucléaire de Cruas (Ardèche)
Irrigation d’un champs de maïs
Irrigation d’un champs de maïs

5. Le changement climatique et les milieux humides

5. Le changement climatique et les milieux humides

Les différentes facettes du changement climatique affectent fortement les milieux humides. Une enquête à dire d’experts réalisée tous les dix ans, à défaut de mesures précises à l’échelle nationale, permet d’estimer l’impact du changement climatique sur ces sites.

 

Indicateurs ONB

Zones humides perçues comme affectées par le changement climatique

89

%

sur la période 2010-2020

Outre-mer

Zones humides perçues comme affectées par le changement climatique

89 % des sites déclarent que les évolutions constatées entre 2010 et 2020 sont liées, au moins pour partie, au changement climatique