Liste rouge. Le risque d'extinction des araignées de métropole évalué pour la première fois
Le 05/04/2023
Toutes les araignées de France métropolitaine voient leur niveau de vulnérabilité évalué, dans le cadre de la Liste rouge nationale des espèces menacées. 10 % d'entre elles s'avèrent menacées.
Araignées
Dans le cadre de la Liste rouge nationale des espèces menacées, le niveau de menace pesant sur l’ensemble des araignées de France métropolitaine est évalué pour la première fois.
Sur les 1 622 espèces natives de l’Hexagone, qui ont toutes été passées au crible de la méthodologie de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 170 s’avèrent menacées, soit 10 % d’entre elles, et 101 autres sont quasi menacées, soit 6 % d’entre elles. Enfin, 501 espèces sont classées dans la catégorie « Données insuffisantes », ce qui représente 31 % des espèces évaluées, faute de connaissances minimales pour pouvoir estimer leur risque de disparition.
Parmi ces dernières, de nombreuses espèces sont sûrement menacées, ce qui, si leur état de conservation était connu, augmenterait la proportion réelle d’araignées vulnérables. Parmi toutes ces espèces indigènes de France métropolitaine, 127 sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles n’existent nulle part ailleurs sur la planète et relèvent donc de l’unique responsabilité de notre pays.
Ces résultats majeurs pour la connaissance naturaliste en France sont le fruit d’une collaboration de plusieurs années entre l’Association française d’arachnologie (AsFrA), PatriNat (OFB-MNHN-CNRS-IRD) et le Comité français de l’UICN. Ils ont également bénéficié de la contribution de plusieurs structures scientifiques dont Auddicé, le Groupe ornithologique et naturaliste (GON) et l’Unité mixte de recherche Transitions énergétiques et environnementales (Université de Pau et des pays de l'Adour-CNRS).
Pour réaliser les pré-évaluations, plus de 600 000 données d’observation d’espèces d’araignées de métropole ont été compilées et vérifiées par l’AsFrA, puis partagées dans l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN).
L’atelier a quant à lui duré 7 jours, pendant lesquels 12 experts aranéologues ont été réunis pour s’accorder sur la catégorie de la Liste rouge à retenir pour chaque espèce.
Les espèces menacées mises en lumière par ce travail vont maintenant pouvoir servir de base à l’établissement d’une liste d’araignées protégées, ainsi qu’à la définition de plans d’action.
Par ailleurs, les Zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique (Znieff) dans lesquelles ces espèces sont présentes pourraient faire l’objet d’une mise en protection.
Quant aux espèces classées en « Données insuffisantes », elles devront dans les années à venir figurer parmi les priorités d’acquisition de connaissances.
Gageons que cette dynamique scientifique incite au cours de la prochaine décennie à améliorer l’état de conservation de ces espèces indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes.