Nom complet de l'indicateur :
Estimation du taux annuel de surmortalité des dauphins communs provoquée par capture accidentelle dans les engins de pêche professionnelle dans les eaux françaises du golfe de Gascogne.
Définition:
L'indicateur permet de suivre l'impact des captures accidentelles provoquées par les activités de pêche dans les eaux françaises du golfe de Gascogne sur la population de dauphins communs (Delphinus delphis) de l'Atlantique Nord-Est. Les données sources utilisées pour le calcul de l'indicateur proviennent de l'estimation de la mortalité annuelle par capture accidentelle réalisée par l'Observatoire Pelagis grâce aux données du Réseau National d'Échouage (Dars et al., 2020). Le seuil de 0,78% figuré sur le graphique provient des travaux du groupe d'experts scientifiques du WKEMBYC du CIEM (ICES, 2020). Ce seuil est défini pour la population de dauphins communs de l’Atlantique Nord-Est, qui est considérée comme l'unité spatiale d'évaluation pertinente pour la population de dauphins communs. En l'absence d'objectifs de conservation définis à l'échelle européenne, le CIEM utilise l'équation PBR (Potential Biological removal) pour déterminer ce seuil de captures accidentelles (un taux de mortalité) au-dessus duquel la population pourrait ne pas atteindre les objectifs de conservation. Si les captures accidentelles annuelles ne dépassent pas le seuil de 0,78% sur l'ensemble de la zone Atlantique Nord-Est, la population peut se rétablir ou être maintenue à 50% ou plus de sa capacité de charge avec une probabilité de 95%. Ce seuil ne doit pas être considéré comme un "droit de tuer" mais comme un seuil d'alerte biologique permettant de fixer et d'accompagner les politiques publiques de protection de la population de dauphins communs de l'Atlantique Nord-Est. Le taux de captures accidentelles présenté sur le graphique n’intègre que les captures accidentelles réalisées dans les eaux françaises du golfe de Gascogne et par conséquent ne donne pas d’information sur les autres captures accidentelles réalisées dans les autres secteurs de l’Atlantique Nord-Est. La zone Atlantique Nord-Est correspond à la zone FAO n°27, elle démarre au nord de l’ile de Nouvelle Zemble sur le territoire russe et la mer de Barents, englobe tous les pays à façade maritime d’Europe du Nord. Remonte au Nord, Nord-Est du Groenland, descends jusqu’aux Açores par l’océan Atlantique, et termine au détroit de Gibraltar. La zone golfe de Gascogne est couverte par les sous zones FAO 27.8a et 27.8b et correspond au plateau continental dans les eaux françaises (ZEE) de la sous-région marine DCSMM golfe de Gascogne.
Toutes les espèces de mammifères marins sont protégées en France et en Europe. Elles sont néanmoins soumises à de nombreuses pressions anthropiques, directes (captures accidentelles, collisions, dérangements) et indirectes (bioaccumulation de micropolluants, dérangements acoustiques, surpêche réduisant leurs ressources alimentaires). Ces pressions peuvent induire une surmortalité, qui vient s'ajouter à la mortalité naturelle. Ces espèces sont caractérisées par une stratégie de vie basée sur le long-terme, avec une longue espérance de vie (entre 20 et 30 ans pour le dauphin commun), une maturité sexuelle tardive, une gestation longue (10 à 11 mois) et un faible taux de fécondité (1 petit tous les 2 à 3 ans). La surmortalité des adultes peut donc devenir très problématique pour le maintien de la population car il est impossible de compenser les pertes par une hausse de la fécondité. En France, les captures accidentelles de dauphins communs (Delphinus delphis) dans des engins de pêche professionnelle (notamment chalut pélagique et filet maillant) représentent la cause principale de surmortalité de cette espèce. Ces captures accidentelles ont augmenté ces 10 dernières années et depuis 2016, les taux de mortalité annuels estimés dépassent le seuil de 0,78 % au dessus duquel la survie à 100 ans de la population de l'Atlantique Nord-Est est menacée (ICES, 2020). En 2019, le taux de mortalité annuel a atteint 1,5 %, ce qui correspond à environ 9470 individus morts par captures accidentelles dans les eaux françaises du golfe de Gascogne (Dars et al., 2020). Dans le cadre de la mise en œuvre de la Directive cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) en France, l’impact des captures accidentelles de mammifères marins est évalué dans le critère MM_Capt de l’indicateur D1C1 (le taux de mortalité par espèce dû aux captures accidentelles est inférieur au niveau susceptible de constituer une menace pour l'espèce, de sorte que la viabilité à long terme de celle-ci est assurée). Le Bon État Écologique (BEE) de ce critère est atteint si le taux de mortalité annuel par capture accidentelle est inférieur à 1,7% (Spitz et al., 2018) du nombre d’individus présent dans les eaux françaises. Sur la période analysée dans le cadre de l’évaluation 2018 de l’indicateur D1C1, les conditions requises pour l’atteinte du Bon État Écologique ne sont pas validées (Spitz et al., 2018), notamment car les taux de captures accidentelles des années 2013 et 2014 sont supérieurs au seuil de 1,7%. Actuellement les données issues du programme d’observations embarquées Obsmer ne permettent pas de calculer un taux de mortalité par capture accidentelle, notamment car l’effort d’échantillonnage n’est pas suffisant sur les flottilles de pêche les plus concernées. Les éléments décrivant le contexte réglementaire relatif à la protection des mammifères marins et à la gestion des captures accidentelles en France peuvent être retrouvés dans l'article Nature France traitant des captures accidentelles de dauphin commun dans le golfe de gascogne.