Captures accidentelles de dauphins communs dans les engins de pêche

Captures accidentelles de dauphins communs dans les engins de pêche

En 2019, les captures accidentelles par les activités de pêche dans les eaux françaises du golfe de Gascogne ont provoqué la mort d'environ 1,49 % de la population de dauphins communs de l'Atlantique Nord-Est.

1,49 %

en 2019

Télécharger Télécharger
Peltier H. et al., 2019. Etat des connaissances sur les captures accidentelles de dauphins communs dans le golfe de Gascogne - Synthèse 2019. Observatoire PELAGIS - UMS 3462. Traitements : OFB.
Nom complet de l'indicateur : Estimation du taux annuel de surmortalité des dauphins communs provoquée par capture accidentelle dans les engins de pêche professionnelle dans les eaux françaises du golfe de Gascogne.

Définition:

L'indicateur permet de suivre l'impact des captures accidentelles provoquées par les activités de pêche dans les eaux françaises du golfe de Gascogne sur la population de dauphins communs (Delphinus delphis) de l'Atlantique Nord-Est. Les données sources utilisées pour le calcul de l'indicateur proviennent de l'estimation de la mortalité annuelle par capture accidentelle réalisée par l'Observatoire Pelagis grâce aux données du Réseau National d'Échouage (Dars et al., 2020). Le seuil de 0,78% figuré sur le graphique provient des travaux du groupe d'experts scientifiques du WKEMBYC du CIEM (ICES, 2020). Ce seuil est défini pour la population de dauphins communs de l’Atlantique Nord-Est, qui est considérée comme l'unité spatiale d'évaluation pertinente pour la population de dauphins communs. En l'absence d'objectifs de conservation définis à l'échelle européenne, le CIEM utilise l'équation PBR (Potential Biological removal) pour déterminer ce seuil de captures accidentelles (un taux de mortalité) au-dessus duquel la population pourrait ne pas atteindre les objectifs de conservation. Si les captures accidentelles annuelles ne dépassent pas le seuil de 0,78% sur l'ensemble de la zone Atlantique Nord-Est, la population peut se rétablir ou être maintenue à 50% ou plus de sa capacité de charge avec une probabilité de 95%. Ce seuil ne doit pas être considéré comme un "droit de tuer" mais comme un seuil d'alerte biologique permettant de fixer et d'accompagner les politiques publiques de protection de la population de dauphins communs de l'Atlantique Nord-Est. Le taux de captures accidentelles présenté sur le graphique n’intègre que les captures accidentelles réalisées dans les eaux françaises du golfe de Gascogne et par conséquent ne donne pas d’information sur les autres captures accidentelles réalisées dans les autres secteurs de l’Atlantique Nord-Est. La zone Atlantique Nord-Est correspond à la zone FAO n°27, elle démarre au nord de l’ile de Nouvelle Zemble sur le territoire russe et la mer de Barents, englobe tous les pays à façade maritime d’Europe du Nord. Remonte au Nord, Nord-Est du Groenland, descends jusqu’aux Açores par l’océan Atlantique, et termine au détroit de Gibraltar. La zone golfe de Gascogne est couverte par les sous zones FAO 27.8a et 27.8b et correspond au plateau continental dans les eaux françaises (ZEE) de la sous-région marine DCSMM golfe de Gascogne.
Date de mise à jour:
Toutes les espèces de mammifères marins sont protégées en France et en Europe. Elles sont néanmoins soumises à de nombreuses pressions anthropiques, directes (captures accidentelles, collisions, dérangements) et indirectes (bioaccumulation de micropolluants, dérangements acoustiques, surpêche réduisant leurs ressources alimentaires). Ces pressions peuvent induire une surmortalité, qui vient s'ajouter à la mortalité naturelle. Ces espèces sont caractérisées par une stratégie de vie basée sur le long-terme, avec une longue espérance de vie (entre 20 et 30 ans pour le dauphin commun), une maturité sexuelle tardive, une gestation longue (10 à 11 mois) et un faible taux de fécondité (1 petit tous les 2 à 3 ans). La surmortalité des adultes peut donc devenir très problématique pour le maintien de la population car il est impossible de compenser les pertes par une hausse de la fécondité. En France, les captures accidentelles de dauphins communs (Delphinus delphis) dans des engins de pêche professionnelle (notamment chalut pélagique et filet maillant) représentent la cause principale de surmortalité de cette espèce. Ces captures accidentelles ont augmenté ces 10 dernières années et depuis 2016, les taux de mortalité annuels estimés dépassent le seuil de 0,78 % au dessus duquel la survie à 100 ans de la population de l'Atlantique Nord-Est est menacée (ICES, 2020). En 2019, le taux de mortalité annuel a atteint 1,5 %, ce qui correspond à environ 9470 individus morts par captures accidentelles dans les eaux françaises du golfe de Gascogne (Dars et al., 2020). Dans le cadre de la mise en œuvre de la Directive cadre stratégie pour le milieu marin (DCSMM) en France, l’impact des captures accidentelles de mammifères marins est évalué dans le critère MM_Capt de l’indicateur D1C1 (le taux de mortalité par espèce dû aux captures accidentelles est inférieur au niveau susceptible de constituer une menace pour l'espèce, de sorte que la viabilité à long terme de celle-ci est assurée). Le Bon État Écologique (BEE) de ce critère est atteint si le taux de mortalité annuel par capture accidentelle est inférieur à 1,7% (Spitz et al., 2018) du nombre d’individus présent dans les eaux françaises. Sur la période analysée dans le cadre de l’évaluation 2018 de l’indicateur D1C1, les conditions requises pour l’atteinte du Bon État Écologique ne sont pas validées (Spitz et al., 2018), notamment car les taux de captures accidentelles des années 2013 et 2014 sont supérieurs au seuil de 1,7%. Actuellement les données issues du programme d’observations embarquées Obsmer ne permettent pas de calculer un taux de mortalité par capture accidentelle, notamment car l’effort d’échantillonnage n’est pas suffisant sur les flottilles de pêche les plus concernées. Les éléments décrivant le contexte réglementaire relatif à la protection des mammifères marins et à la gestion des captures accidentelles en France peuvent être retrouvés dans l'article Nature France traitant des captures accidentelles de dauphin commun dans le golfe de gascogne.

Milieux concernés

Milieux marins et littoraux

Pressions

Exploitation des ressources

Politiques associées

Maitrise des pressions liées aux activités humaines

A quelle(s) question(s) répond cet indicateur

Interprétation de l'indicateur

Le taux de mortalité par capture accidentelle dans les eaux françaises du golfe de Gascogne est estimé pour l’année 2019 à 1,5%. Ce taux dépasse le seuil de soutenabilité de 0,78% défini par le CIEM (ICES, 2020) à l’échelle de la population de l’Atlantique Nord-Est. Bien que les données démographiques actuelles (abondance et distribution) soient stables et n’indiquent pas un déclin immédiat de la population, le CIEM a conclu récemment (ICES, 2020) que les niveaux actuels de mortalité accidentelle dans les eaux françaises du golfe de Gascogne menaçaient la viabilité de la population de dauphins communs de l'Atlantique Nord-Est à 100 ans. Pour ces espèces à grande longévité et ayant un faible taux de fécondité, ce décalage, apparemment contradictoire, entre les données démographiques observables et les données de captures accidentelles ne peut pas être interprété comme une erreur d’analyse. Toutes les causes de surmortalité affectent à plus ou moins long terme les variables démographiques de l’espèce. Si les effets des captures accidentelles venaient à être visibles sur la démographie de l’espèce, la restauration de la population serait très longue et hypothétique. Il est estimé que l’essentiel de la population de dauphins communs de l'Atlantique Nord-Est est concentrée dans le Golfe de Gascogne et en mer Celtique. La situation est donc très préoccupante et probablement sous-estimée puisque les captures accidentelles n'ont pas lieu que dans les eaux françaises.
Une diminution de la valeur de l'indicateur est le signe d'une réduction de la surmortalité induite par les captures accidentelles. Le seuil de 0,78% est défini par le CIEM à l'échelle de l'ensemble de la population de dauphins communs de l'Atlantique Nord-Est. A ce titre il ne peut être considéré comme un objectif à atteindre sur la zone Golfe de Gascogne. Un taux de mortalité inférieur au seuil de 0,78% sur la zone Golfe de Gascogne ne permet pas de conclure que la population n'est pas menacée à l'échelle de l'Atlantique Nord-Est. La comparaison du taux de mortalité généré par les captures accidentelles dans les eaux françaises avec le seuil 0,78% définis pour la population de l'Atlantique Nord-Est ne permet pas de conclure définitivement sur l'état de conservation de la population. En raison de la méconnaissance des taux de captures accidentelles dans les eaux des autres pays de l'Atlantique Nord-Est, deux situations peuvent être distinguées : 1) si pour les eaux françaises, le taux de captures accidentelles est inférieur à 0,78%, il est impossible de conclure que la population est dans un bon état de conservation car les captures accidentelles réalisées dans les autres pays ne sont pas intégrées à l'analyse. 2) si pour les eaux françaises, le taux de captures accidentelles est supérieur à 0,78%, l'état de conservation de la population est à minima très préoccupant car les captures accidentelles réalisées dans les autres pays ne sont pas intégrées à l'analyse
Code indicateur: SNB-MML-DAU-21
Type d'indicateur : Indicateur

Jeux d'indicateurs

Biodiversité & milieux marins

Objectifs nationaux

  • Préserver les espèces et leur diversité
  • Construire une infrastructure écologique incluant un réseau cohérent d’espaces protégés
  • Préserver et restaurer les écosystèmes et leur fonctionnement

Producteur:

Observatoire PELAGIS - UMS 3462, Université de La Rochelle / CNRS

Origine des données

a. Données d'échouages

  • Source des données : Les données utilisées sont les données d'échouages de dauphins communs retrouvés le long des côtes françaises du golfe de Gascogne. Elles sont collectées par le Réseau National d'Ecouages (RNE) créé en 1970. Les données recueillies par le RNE sont considérées comme représentatives des interactions homme-mammifères marins et des paramètres biologiques ou physiques tels que l’abondance, la mortalité et les conditions de dérive depuis 1990.
  • Protocole utilisé : Pour chaque échouage signalé sur le littoral, un examen est effectué par un correspondant du RNE selon un protocole standard définit par l'Observatoire Pelagis (Unité Mixte de Service 3462 - CNRS/ Université de La Rochelle). Les informations relatives aux circonstances de l’échouage (date, lieu, circonstance de l’observation, observateur) et les informations concernant l’animal (espèce, sexe, biométrie, état de décomposition, indice de condition, marques de captures, blessures, etc.) sont relevées. L’examen peut être complété par la collecte de prélèvements voir par une autopsie si l’état de l’animal le permet. Ces données sont stockées dans une base de données nationale de référence gérée par l’Observatoire Pelagis avec l’assistance technique de l’UMS Bbees (MNHN-CNRS).

b. Données d'abondance de la population.

L'estimation de l'abondance de la population de l'Atlantique Nord-Est utilisée pour le calcul de l'indicateur a été réalisée en 2016 lors des campagnes européennes de recensement des petits cétacés SCANS III. Les comptages ont été réalisés par avion et à bord de navires. Ils ont couvert durant 5 semaines les eaux atlantiques européennes, des Lofoten à Gibraltar, incluant les eaux du Royaume-Uni, de la Norvège, de la Suède, de l'Allemagne, du Danemark, des Pays-Bas, de la Belgique, de la France, de l'Espagne et du Portugal.

Disponibilité des valeurs

> 5 ans

Rupture de série

Non

Méthodologie :

a. Attribution des échouages à un événement de capture dans les eaux françaises du golfe de Gascogne

A partir des données d’échouages collectées sur le littoral, il est possible d'identifier  les zones probables où les captures ont eu lieu. Une méthode d'estimation par dérive inverse a été développée par Peltier et al. (2016) en adaptant le modèle de dérive MOTHY développé par Météo France. Ce modèle de dérive inverse permet, à partir de localisation du site où le cadavre est retrouvé, d’estimer la zone où la capture a eu lieu en tenant compte des conditions de dérive (vents, marées, courants) ainsi que de la flottabilité et de l’état des carcasses. Dans le golfe de Gascogne, les zones de mortalité semblent réparties sur l’ensemble du plateau continental, avec de plus fortes densités prédites au milieu du plateau (fond de -100 m) entre l’estuaire de la Loire et de la Gironde.
 

b. Calcul du taux de mortalité par capture accidentelle

Le calcul du taux de mortalité par capture accidentelle nécessite de tenir compte du fait que seule une partie des animaux morts s'échoue (beaucoup coulent). Ainsi, en estimant et en corrigeant les effectifs d’animaux échoués et présentant des traces de capture accidentelle par les différents paramètres constituant le processus d’échouage,  il  est possible  de  fournir  une  estimation du nombre total de dauphins communs morts dans les engins de pêche chaque année. Rapporté à une estimation de l'abondance de la population, il permet de calculer un taux de mortalité estimé : nombre d’animaux morts par capture accidentelle / abondance de la population.


c. Définition du seuil limite de surmortalité

La valeur cible fixée pour cet indicateur s'appuie sur la réponse du Conseil International pour l'Exploration de la Mer (CIEM) au premier trimestre 2020 suite à la requête des ONG auprès de la Commission européenne. Il repose sur un outil de gestion, le PBR (Prélèvement Biologique Potentiel, en anglais "Potential Biological Removal"), qui permet de déterminer une limite aux mortalités d'origine humaine de sorte que le risque de déclin numérique de la population soit minimisé. L'objectif de conservation associé au PBR est de permettre à la population d'être à sa taille optimale durable avec une probabilité de 95 %. Dans l'état actuel des connaissances, le PBR pour la population de dauphins communs de l'Atlantique Nord-Est est fixé à 0,78 % de la meilleure estimation d'abondance disponible.

Robustesse

Assez robuste

Précision

Assez précis

Sensibilité

Assez sensible

Efficacité

Assez efficace

Accessibilité des données

Accessibles

Homogénéité des données

Homogènes

Fiabilité des données

Assez fiables

Pérennité des données

Pérenne

Abondance des données

Abondantes

Coût de mobilisation

Coût faible

Niveau d'appropriation

Averti

Avantages

Prise en compte de la population de dauphin commun à l'échelle de l'atlantique nord-est.

Limites

Indicateur relativement complexe. La population totale de dauphin commun est estimée sur l'ensemble de la zone couverte par la population, c’est-à-dire Atlantique Nord-Est. Cependant, l'estimation de la mortalité par pêche ne concerne que les eaux françaises du golfe de Gascogne, c'est-à-dire la partie française des sous-région marine DCSMM golfe de Gascogne et Mers Celtiques.

Piste d'améliorations

À définir avec les experts. La principale piste d'amélioration implique de mobiliser les données de captures accidentelles de Dauphin commun de l'ensemble des pêcheries étrangères exerçant sur la zone Atlantique Nord-Est.

Indicateurs similaires

Évolution des populations d'oiseaux d'eau hivernants

+ 109

%

sur la période 1980-2023

Évolution des populations d'oiseaux d'eau hivernants

Les oiseaux d'eau hivernants ont progressé de 109% entre 1980 et 2023
Milieu aquatique
Milieux d'eau douce
Milieu humide
Milieux humides
Milieu marin
Milieux marins et littoraux

Montant annuel de fonds européens LIFE pour les milieux humides en France

9,4

millions d’euros

sur la période 2014-2020

Montant annuel de fonds européens LIFE pour les milieux humides en France

De 2014 à 2020, 9,4 millions d’euros par an de fonds européens LIFE ont été accordés pour protéger les milieux humides et/ou leurs espèces en France
Milieu aquatique
Milieux d'eau douce
Milieu humide
Milieux humides
Milieu marin
Milieux marins et littoraux

Surfaces nationales de mangroves faisant l'objet de mesures de conservation

57

%

en 2022

Surfaces nationales de mangroves faisant l'objet de mesures de conservation

57 % des mangroves nationales font l'objet de mesures de conservation (gestion) en 2022.