Pour conserver la biodiversité liée aux stades forestiers âgés, il importe à la fois (i) de maintenir des arbres sénescents ou morts et des vieux ou gros arbres (avec cavités), conservés de manière dispersée dans les peuplements, et aussi (ii) de préserver des peuplements forestiers âgés appelés îlots de vieux bois. Le maintien d'une trame de vieux bois dans les peuplements gérés (surfaces en sylviculture et surfaces laissées en libre évolution donc sans sylviculture) est une stratégie de conservation de la biodiversité forestière. Une instruction cadre cette stratégie pour les forêts publiques gérées par l'ONF (il n'y a pas d'équivalent pour les forêts privées). Cette stratégie ne concerne donc qu’un quart de la surface forestière métropolitaine, les autres trois-quarts étant constitués de forêts privées. Cette mesure est obligatoire en forêt domaniale et seulement proposée par l'ONF dans le cadre de la gestion des forêts des collectivités.

Stricto sensu pour l'ONF, les îlots de vieux bois sont constitués d'îlots de sénescence (ILS) et d'îlots de vieillissement (ILV). Les réserves biologiques dirigées (RBD) avec maintien de très gros arbres ont un rôle écologique proche de celui des ILV, avec lesquels elles sont comptabilisées en tant que surfaces consacrées au vieillissement, dans cet indicateur. Les réserves biologiques intégrales (RBI) sont en libre évolution et généralement en phase de maturation, jouant ainsi un rôle écologique semblable à celui des ILS. De même, les autres surfaces boisées hors sylviculture de long terme jouent aussi un rôle comparable à celui des ILS. Ces deux dernières catégories sont associées aux ILS en tant que surfaces consacrées à la sénescence, pour cet indicateur (cf. "Définition").

L'efficacité de cette mesure de maintien d'une trame de vieux bois est quantitative (surface concernée) mais également qualitative. La nature des peuplements conservés en fonction des groupes fonctionnels visés par cette action (faune saproxylique par exemple) ainsi que la répartition spatiale de ces zones dans les massifs pour favoriser leur fonctionnalité, notamment vis-à-vis des enjeux de connectivité, sont des aspects importants mais non pris en compte dans la définition de cet indicateur. Du reste, la trame d'îlots de vieux bois est d'ailleurs complétée par la conservation d'arbres à haute valeur biologique, isolés dans le peuplement. Ces arbres sont très vieux ou très gros, et/ou à cavités visibles et peuvent être morts ou sénescents ; ils constituent a priori l’habitat d’espèces à enjeu de conservation.

Ainsi, l'augmentation (ou diminution) de la valeur de l'indicateur est un signe d'accroissement (ou réduction) de la biodiversité relative aux vieux bois mais cette évolution n'informe en rien sur l'évolution globale de la biodiversité dans les forêts aménagées de l'Hexagone (Corse incluse).

L'ONF n'a pas prévu de limiter le développement de la trame de vieux bois aux objectifs fixés -actuellement 3% en forêt domaniale (on en veut pour preuve que le taux d'ILS est déjà au double de l'objectif). Il n'y a donc pas de risque de plafonnement de l'indicateur.

La première limite à la série de données fournies est que celles-ci ne concernent que les espaces gérés et aménagés par l'ONF. Il manque donc les forêts privées et les forêts publiques gérées hors ONF. L'information s'étoffe au fur et à mesure de la réalisation des nouveaux aménagements (comptabilisés dans la base de données des aménagements ONF). La totalité des espaces boisés publics domaniaux devrait être renseignée en 2032.

Un taux (ou une surface) élevé(e) d'îlots de vieux bois est considéré(e) comme favorable à la biodiversité forestière, mais la connectivité entre ces îlots est également un paramètre important à prendre en compte. En l'état, cet aspect n'est pas reflété par l'indicateur. Le suivi et l'évaluation de la mise en place de trames de vieux bois, permettant la restauration d'une certaine continuité écologique, seraient particulièrement pertinents et complémentaires à ce premier indicateur.

Autre limite : la valeur de l'indicateur est difficile à interpréter d'un point de vue écologique puisqu'il n'existe pas de valeurs cibles.

Ventilation par essence principale des peuplements en îlots de vieillissement et sénescence.
Transposition à la forêt privée.