Présence de 2 mammifères emblématiques dans les milieux humides de l'Hexagone

Présence de 2 mammifères emblématiques dans les milieux humides de l'Hexagone

En 2020, 62% du territoire national est occupé par le Castor d’Europe, la Loutre d’Europe ou les deux espèces.

62 %

en 2020

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Nom complet de l'indicateur : Distribution de la Loutre d’Europe et du Castor d’Europe dans les milieux humides de l'Hexagone

Définition:

Cet indicateur correspond au pourcentage de mailles de 10x10 km hébergeant à une période donnée au moins l'une de ces 2 espèces emblématiques de mammifères de milieux humides de France hexagonale.

Date de mise à jour:

Ces deux espèces de mammifères autrefois omniprésentes en métropole hors Corse, ont largement régressé au cours des siècles passés. En cause, avant tout les destructions directes, très répandues dans le passé. De plus localement pouvaient s'ajouter des dégradations de leur habitat (notamment de leur connectivité), et pour la Loutre les effets de pollutions. Ainsi, au plus bas, elles n'occupaient plus que 3 départements pour le Castor et 12 pour la Loutre. Les efforts menés depuis le milieu du 20e siècle pour les sauver d'une disparition totale les a rendues emblématiques des milieux humides. Toutefois, le Castor et la Loutre ne sont en aucun cas des bioindicateurs de la qualité de ces milieux. Leurs capacités d’adaptation leur permettent de s’installer dans des habitats très dégradés, tant qu’ils trouvent un lieu où gîter et de la nourriture. On peut par exemple retrouver la Loutre dans des milieux où elle se nourrit quasi exclusivement d’écrevisses américaines et le Castor dans des fossés de zones industrielles.

Enfin, Castor et Loutre représentent aussi un fort enjeu légal de conservation, en tant qu'espèces protégées au niveau national et européen.

Milieux concernés

Milieux d'eau douce

Milieux humides

Pressions

Pollutions

Destruction et fragmentation des habitats

Exploitation des ressources

Espèces exotiques envahissantes

A quelle(s) question(s) répond cet indicateur

Interprétation de l'indicateur

Une part élevée/croissante de mailles hébergeant au moins l'un des espèces est un bon signe de redressement des populations, suite notamment au relâchement des principales pressions (chasse et piégeage avant tout, mais aussi pollutions pour la Loutre) qui ont affecté jusqu'au 20e siècle ces 2 espèces dans l'Hexagone.

Inversement, une part faible ou en déclin suggèrerait une reprise de ces facteurs négatifs, ou l'apparition de nouveaux.

Historiquement, ces 2 espèces occupaient toute la France hexagonale, avant de quasiment disparaître suite avant tout à leur destruction et leur piégeage. Les 2 espèces ont été protégées sur l'ensemble du territoire à partir de 1968 pour le Castor et 1972 pour la Loutre, mais le Castor bénéficiait déjà depuis 1909 d'une quasi-protection dans les départements des Bouches-du-Rhône, Gard et Vaucluse. A partir du moment où elles ont bénéficié de mesures de protection (et donc de l'arrêt des destructions), les populations ont commencé à croître à nouveau, qu'il y ait eu ou pas des interventions sur la qualité des milieux. Pour la Loutre, la lutte contre les pollutions chimiques des cours d'eau a pu également jouer en sa faveur. Au final, au vu des maxima de régression passés (présence dans seulement 12 départements pour la Loutre d'Europe vers 1975, et dans 3 seulement pour le Castor d'Europe vers 1900-1910), leur retour dans 61% du territoire national est le signe d'une dynamique désormais inversée. Ainsi, le Castor occupe ainsi désormais plus de 17 000 km de cours d'eau.

Dans leur reconquête du territoire, il faut signaler quelques spécificités des 2 espèces, qui peuvent affecter différemment leur rythme de recolonisation :

  • contrairement à la Loutre, le Castor a bénéficié de réintroductions locales (vallée du Rhône, vallée de la Loire, Nord-Est, Ouest Bretagne, Tarn, cours d'eau côtiers méditerranéens) entre la fin des années 1950 et 2002, qui ont pu accélérer sa reconquête. Des réintroductions illégales à la frontière belge à la fin des années 1990 et en Espagne dans les années 2000 ont aussi permis un retour rapide dans les régions du Nord et du Nord-Est, ainsi que dans les Pyrénées-Atlantiques.

  • en revanche, la Loutre dispose de capacités de dispersion bien supérieures : alors qu'une famille de Castors vit à l'année en moyenne sur 2 km de cours d'eau (et reste donc le plus souvent incluse dans la même maille de 10 x 10 km), la Loutre vit seule sur un territoire bien plus grand, jusqu'à 20 km de cours d'eau, un même individu pouvant laisser des traces de présence dans 2 ou 3 mailles en peu de temps

  • en retour, le Castor peut éventuellement conduire à une restauration des milieux humides (pas systématique) par son activité : construction de barrages, coupes d'arbres...

  • les réseaux de suivi des 2 espèces ne sont pas coordonnés, et n'ont donc pas mené de prospections rigoureusement comparables à toutes les époques. En particulier, le réseau Castor (créé en 1987 et piloté par l'ONCFS puis l'OFB) n'a pas pu prospecter systématiquement certaines zones historiques de présence connue. Ces différences ont pu jouer à la marge sur la perception de la recolonisation de quelques mailles : les données pré-2010 ne doivent donc pas être sur-interprétées à l'échelle fine de la maille.

Il est à noter que cette situation positive pour 2 espèces emblématiques n'est toutefois pas valable pour tous les mammifères de milieux humides dont la plupart des autres déclinent, Vison d'Europe en tête, mais également le Putois d'Europe, le Campagnol amphibie... En tant que bio-indicateurs, Campagnol amphibie et Vison d'Europe seraient d'ailleurs probablement plus indicatrices de la qualité des habitats et des milieux que Castor et Loutre.

Enfin, depuis l'élaboration des cartes de cet indicateur (fin 2021-début 2022), des vérifications complémentaires ont été faites dans le cadre de l'élaboration du Plan National d'Action (PNA) pour la Loutre, conduisant à quelques modifications notamment de mailles proches du front de recolonisation (corrections, mises à jour...). Aussi les cartes de l'indicateur peuvent-elles localement différer légèrement de celles du PNA, qui sont postérieures.

Code indicateur: SNB-MH-24-PMMEMH

Jeux d'indicateurs

Objectifs nationaux

  • Faire émerger, enrichir et partager une culture de la nature
  • Faire de la biodiversité un enjeu positif pour les décideurs
  • Préserver et restaurer les écosystèmes et leur fonctionnement
  • Maîtriser les pressions sur la biodiversité
  • Garantir la durabilité de l’utilisation des ressources biologiques
  • Développer la recherche, organiser et pérenniser la production, l’analyse, le partage et la diffusion des connaissances
  • Améliorer l’expertise afin de renforcer la capacité à anticiper et à agir, en s’appuyant sur toutes les connaissances

Producteur:

Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM)

Origine des données

Les données précises à l'échelle des mailles 10x10 km proviennent de l'analyse des données publiques issues du SINP (SINP régional et national) ainsi que des données de l'Observatoire National des Mammifères (ONM), géré par la SFEPM, où elles sont issues des structures naturalistes partenaires de la SFEPM. Toutes ces données proviennent d'observations d'espèces soit de manière opportuniste soit de manière protocolée, que ce soit des observations directes ou des indices de présence. Plus spécifiquement, une bonne partie des données récentes sur la Loutre sont collectées par un réseau spécifique coordonné par la SFEPM dans le cadre d'un Plan National d'Actions (PNA), et la plupart de celles sur le Castor le sont par le Réseau Castor animé par l'OFB (https://professionnels.ofb.fr/fr/reseau-castor). La totalité des données de ces 2 réseaux a vocation à alimenter le SINP, et se retrouvent donc in fine dans les données que l'on peut extraire de ce dernier.

Disponibilité des valeurs

2 à 5 ans

Rupture de série

Non

Méthodologie :

Seules les données précises (coordonnées GPS) et datées et les données directement disponibles au format 10x10 km  du SINP et de l'ONM ont été utilisées pour construire l'indicateur (toutefois des données moins fines ont pu servir pour certains visuels complémentaires, à l'échelle départementale). Les données du Réseau Castor sont collectées selon des linéaires de cours d'eau issus des prospections, converties en données par maille 10x10 pour versement dans le SINP, et complétées de données ponctuelles opportunistes. Une expertise a ensuite été réalisée sur les données qui paraissaient douteuses comme par exemple la présence d'une espèce dans une maille très éloignée de l'aire de répartition connue. Ensuite, les données précises ont été converties en données 10x10 km pour retenir la présence ou l'absence d'une espèce dans une maille (données de synthèse). Enfin, un  filtre temporel a été mis en place, permettant de séparer les données de chaque espèce en 3 périodes : avant 2000 ; 2010 ; 2020.

Des précisions méthodologiques figurent sur ce rapport du Réseau Castor OFB : https://carmen.carmencarto.fr/IHM/metadata/ONCFS/Publication/MTD_auto_Carmen/Castor/ficheMTD_Repartition_par_cours_d_eau_2020_CAS.pdf

Robustesse

Robuste

Précision

Précis

Sensibilité

Très sensible

Efficacité

Très efficace

Accessibilité des données

Assez accessibles

Homogénéité des données

Homogènes

Fiabilité des données

Très fiables

Pérennité des données

Pérenne

Abondance des données

Abondantes

Coût de mobilisation

Coût moyen

Niveau d'appropriation

Novice

Avantages

Basé sur des données fiables et expertisées, l'indicateur permet de visualiser aisément la reconquête dans l'Hexagone par les 2 espèces visées, à une grande précision (mailles 10x10 km).

Limites

Cet indicateur ne prend en compte que 2 des 14 espèces de mammifères liées aux milieux humides de l'Hexagone, en raison de données trop parcellaires (à l'échelle des mailles 10x10km) et/ou trop hétérogènes entre régions, pour les autres espèces.

Ces 2 espèces ne sont pas de très bonnes indicatrices de la qualité des milieux. D'autres comme le Campagnol amphibie ou le Vison d'Europe le se seraient probablement plus.

Piste d'améliorations

Une meilleure remontée des informations naturalistes sur les 12 autres espèces de mammifères de milieux humides , conduisant à une couverture plus homogène de ce groupe, permettrait l'ajout d'autres espèces dans l'indicateur. Des programmes de connaissances issus de financement publics (pour que les données remontent au SINP), permettraient notamment de combler les manques pour nombre d'espèces (petits mammifères notamment) et pour certaines régions, tout en lançant une dynamique locale pour le moyen-long terme.

Les données à jour du PNA Loutre pourraient à terme s'ajouter ou corriger celles de l'INPN utilisées pour cette 1e version de l'indicateur (processus de vérification/ validation renforcé dans le cadre du PNA).

L'inclusion à terme des territoires d'outre-mer est souhaitable mais pourrait constituer un indicateur à part car les espèces sont différentes. Toutefois, le processus d'expertise risque ici de prendre plus de temps que dans l'Hexagone.

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