Des pressions aux impacts globaux

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Des pressions aux impacts globaux

Comment le développement de l’économie induit-il la destruction de la biodiversité ?

Mise à jour 07 décembre 2022

Les activités économiques et plus généralement les activités humaines sont à l’origine des pressions qui pèsent sur la biodiversité. En effet, chaque secteur économique considéré a ses propres facteurs déterminants (ses causes principales). À titre d’exemples, les facteurs déterminants à l’origine des pressions que fait peser le secteur agroalimentaire sur la biodiversité ne seront pas les mêmes que ceux du secteur de la construction. Certains facteurs sont toutefois communs à tous les secteurs. Ces facteurs déterminants peuvent être sources de pressions pour la biodiversité, qui vont modifier l’état des écosystèmes. Ceux-ci vont par la suite voir leur capacité à fournir des services écosystémiques réduite, ce qui aura un impact sur la société.

1. Un modèle économique en cause

1. Un modèle économique en cause

Pressions directes et indirectes qui affectent la biodiversité
 

On constate depuis la seconde partie du 20ème siècle un accroissement exponentiel des pressions sur la biodiversité. Notre modèle économique (le système de production, l’empreinte écologique de nos modes de vie et l’accroissement des échanges commerciaux) est à l’origine des facteurs directs (appelés pressions) de dégradation de la biodiversité.


Les facteurs directs (destruction des habitats, pollutions, surexploitation, changement climatique, espèces envahissantes, sont couplés à différents degrés à des facteurs indirects qui affectent  la biodiversité. L'IPBES  définit au niveau mondial cinq facteurs indirects qui déterminent ces pressions :

  • les modèles de production et de consommation
  • la croissance démographique
  • le commerce international
  • les innovations technologiques
  • les différents niveaux de gouvernance et les politiques publiques mises en place


Notre modèle économique (caractérisé par le système de production, l’empreinte écologique de nos modes de vie et l’accroissement des échanges commerciaux) est ainsi à l’origine de plusieurs des facteurs directs de dégradation de la biodiversité.

Cette liste n’est pas exhaustive. En effet, chaque secteur économique considéré a ses propres facteurs déterminants.

 

    Pour mieux comprendre le tableau suivant :

    • Les cases rouges indiquent que les facteurs indirects aggravent les cinq pressions majeures qui affectent la biodiversité, et ce d’autant plus que la couleur est foncée.  Ainsi, la croissance démographique accentue les phénomènes de destruction des habitats, de surexploitation, de pollution, de changement climatique
       
    • À l’inverse, les cases vertes citent des facteurs indirects pouvant contrer les pressions sur la biodiversité. Par exemple, les politiques publiques peuvent réduire la fragmentation des habitats et les causes du réchauffement climatique.
       
    degré de couplage entre facteurs de changements indirects et directs dans l'évolution de la biodiversité française
    Tendances socio-économiques et tendances du système planétaires sur les dernières décennies
     

    Depuis 50 ans, de profonds changements socio-économiques ont modifié le rapport des sociétés à la nature et ont fait peser sur la biodiversité des pressions dont le poids s’est fortement accru en l’espace de quelques décennies. Une telle croissance exponentielle (économique, démographique, financière et de flux) n’avait jamais été constatée auparavant. Depuis 1970, la population humaine mondiale a ainsi doublé et l’économie mondiale a été multipliée par quatre. Ces bouleversements ont entraîné une demande croissante en énergies et ressources naturelles, et sont le fait de plusieurs facteurs économiques, politiques et sociaux. Le renforcement des échanges internationaux dès les années 1950 a par exemple été permis par le développement des moyens de communication et de transports, entraînant un découplage entre les lieux de production et de consommation de biens. Ces changements ont contribué à la création de nouveaux débouchés économiques, mais ont également eu un impact sur la nature et les services écosystémiques qu’elle rend.

     

    Depuis 50 ans, l’accroissement exponentiel de l’économie mondiale, rendu possible grâce à des facteurs politiques, sociaux et économiques, a entraîné une augmentation rapide de la consommation de ressources et d’espaces naturels. Ces deux tableaux (Tendances socio-économiques et Tendances du système planétaire), illustrent la croissance rapide entre 1950 et aujourd'hui des paramètres socio-économiques mondiaux et du système planétaire, comme le PIB, la croissance démographique, les consommations d’eau et d’énergies, les rejets dans l’atmosphère, l’acidification des océans, etc. Ces facteurs entraînent des effets importants sur l’environnement, l’accroissement des activités économiques étant couplé à un accroissement des pressions que fait peser l’économie sur la biodiversité (pollution, artificialisation des terres, changement climatique...).

    Les activités économiques (centrées autour de la production et de la consommation de biens et services) constituent le principal moteur de l'érosion de la biodiversité.

     

    WWF_tendances socio-économiques WWF
    WWF_tendances du système planétaire WWF
    Ce qu'il faut retenir ...

    Environ des 25 % des terres sont suffisamment épargnées pour que les processus écologiques et évolutifs fonctionnent avec un minimum d'intervention humaine.

    Source : lien

    2. Le commerce international

    2. Le commerce international

    Cargo porte-conteneurs, symbole du commerce international Pixabay licence

    Les échanges internationaux sont l’un des principaux moteurs de la surexploitation des ressources naturelles, par la production de biens et de services destinés à l’exportation. En ce sens, les biens importés et consommés en France peuvent avoir un impact important sur la biodiversité étrangère. Une étude estime que 30 % des menaces qui pèsent sur les espèces dans le monde sont liées au commerce international.
     

    Le commerce international est également un facteur clé dans la propagation des espèces exotiques envahissantes. Celles-ci sont introduites de manière volontaire ou non à travers les biens échangés, mais également via les modes de transport.


    Ces espèces engendrent des coûts liés aux mesures de lutte, mais également des coûts liés aux dommages qu’elles provoquent. Une étude d’impact de l’Union Européenne  estime à 1 500 le nombre d’EEE sur le territoire de l’Union et à 12,5 milliards d’euros par an les coûts induits pour les États membres. Au niveau national, une étude portée par le Commissariat général au développement durable (CGDD) estime qu’en moyenne, sur la période 2009-2013, le coût total des EEE a été de 38 millions d’euros par an.  Certaines zones sont particulièrement concernées. Plus de 50 % des dépenses nationales ont ainsi lieu sur trois territoires : la Réunion, la Nouvelle-Calédonie, et les Terres Australes et Antarctiques Françaises.

     

    Indicateurs ONB

    Évolution du nombre moyen d’espèces exotiques envahissantes par département métropolitain

    12

    espèces exotiques envahissantes

    en 2023

    Métropole

    Évolution du nombre moyen d’espèces exotiques envahissantes par département métropolitain

    Depuis 1984, un département de métropole compte en moyenne 12 espèces exotiques envahissantes de plus tous les dix ans.

    3. Les innovations technologiques

    3. Les innovations technologiques

    Exploitation minière de nickel en Nouvelle-Calédonie Agnès Poiret / Office français de la biodiversité
    Exploitation minière de nickel en Nouvelle-Calédonie

     

    Les innovations technologiques peuvent créer de nouvelles opportunités en termes de débouchés économiques. L’explosion du commerce international et des flux internationaux depuis les années 1950 s’explique en partie par les innovations dans les domaines des transports et des moyens de communication.  Ces innovations peuvent donc avoir un effet positif ou négatif sur la biodiversité. L’essor des technologies numériques et de l’internet a par exemple des effets négatifs indirects sur la nature. En effet, la production de ces biens nécessite des métaux et minerais rares, dont l’extraction et le traitement entraînent des pollutions ou des dégradations d’habitats naturels. De même, l’usage d’internet nécessite d’importantes infrastructures de centralisation des données, très consommatrices en énergie, énergie dont la production induit des pressions sur la biodiversité.

    4. La gouvernance et les politiques publiques

    4. La gouvernance et les politiques publiques

    Les modes de gouvernance et les politiques publiques mises en place ont également un impact sur la biodiversité. Les incitations économiques ont ainsi favorisé l’expansion des activités économiques, souvent au détriment de l’environnement. Les facteurs sociologiques et culturels auraient également un rôle important. Les valeurs promues par la société peuvent en effet être plus ou moins favorables à la biodiversité.

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