Les services rendus à la société par les écosystèmes

Les services rendus à la société par les écosystèmes
Les services rendus à la société par les écosystèmes
Comment notre société dépend-t-elle des écosystèmes ?
Nous dépendons de la biodiversité pour respirer, nous nourrir, nous vêtir, habiter un environnement non risqué, notre santé et la production de différents types de biens utiles à notre économie et notre bien-être. Pourtant, le modèle économique actuel de production et de consommation des ressources détruit et fragilise les écosystèmes, en faisant peser sur eux de nombreuses pressions. Les pollutions, la surexploitation des ressources ainsi que l’artificialisation des sols et des zones de vie de la biodiversité sont autant de menaces qui pèsent sur elle et réduisent les services que celle-ci nous rend.

14 des 18 des principaux services écosystémiques rendus poursuivent depuis cinquante ans une trajectoire globale de déclin.
Source : lien
La société dépendante de la nature
La société dépendante de la nature

(Sphaerophoria scripta)
Benjamin Guichard_OFB
Nous sommes dépendants des biens et services que la nature nous procure, appelés « services écosystémiques ». Ils sont nécessaires et vitaux pour les individus et la société. Par ailleurs, des secteurs entiers de l’économie (comme l’agriculture, la foresterie ou le secteur des produits de la mer) reposent directement sur ces services. De nombreux emplois au niveau national dépendent donc de la biodiversité et de sa propension à assurer ces services.
Mais la capacité de la nature à fournir ces services essentiels s’altère.
La pollinisation, la régulation de la qualité de l’air et des événements climatiques extrêmes sont autant de services dont la qualité se dégrade depuis un demi-siècle (IPBES, Summary for policymakers, 2019). La préservation de la biodiversité est donc un enjeu majeur de société, tant sur le plan éthique qu’au niveau économique, social, sanitaire et culturel : bénéficier de ses services, durablement, implique de prendre soin des écosystèmes qui les supportent, pour ce qu’ils sont, pour notre bien-être et pour celui des générations futures.
Les services écosystémiques
Les services écosystémiques

Pour la production d'huile alimentaire et d'agrocarburant/
Michel Monsay, OFB
Le bon fonctionnement des sociétés dépend en grande partie de la biodiversité. Elle fournit à la fois des ressources naturelles nécessaires à la production de biens répondants à des besoins vitaux ou marchands (alimentation, matières premières, énergie…) et de services, mais également des fonctions qui rendent cette production possible.

(Mayotte)
Yannick Stephan, Mayotte Découverte
La notion de « service écosystémique » vise à décrire ces biens et services que la biodiversité fournit à la société, et qui sont nécessaires à son fonctionnement. Le concept de service écosystémique est donc anthropocentré (dans le cadre d’une vision où l’Homme est séparé du reste du vivant dont il retire des services) puisqu’il permet de décrire les avantages conférés par la biodiversité à la société à condition d’être utilisés durablement.
Les services écosystémiques sont parfois traduits en termes monétaires ou biophysiques, lorsqu’il est possible de les quantifier (sachant que cette traduction est soumise à controverse). Il est ainsi attribué à la biodiversité des valeurs d’usage, directes ou indirectes, ainsi que des valeurs de non usage. Ces dernières découlent d’une approche patrimoniale de la biodiversité, c’est-à-dire qui prend en compte les choix éthiques des générations actuelles vis-à-vis des besoins des générations futures, et limite la consommation des biens et services fournis par la biodiversité pour permettre aux générations futures de pouvoir y accéder.
La notion de service écosystémique doit être appréhendée dans le cadre d’une soutenabilité forte et donc d’une utilisation compatible avec le fonctionnement des écosystèmes (dans le cadre de l’Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques). Une surexploitation du service, la destruction de l’écosystème ou la dégradation des fonctions écologiques conduisent à une réduction du service voire à sa disparition. Le concept de service écosystémique vise donc avant tout à faire prendre conscience de la dépendance de la société à la biodiversité.
organique d'origine végétale
Astrid Morel, OFB
Afin de compléter cette approche, la notion de service écosystémique est associée à celle de fonction écosystémique. Pour délivrer des services, les écosystèmes doivent disposer de fonctions écologiques en bon état. Par exemple, un milieu humide en mauvais état (drainé, compacté...) ne dispose pas des fonctions écologiques, comme la présence d'espaces dotés d'une végétation suffisante, pour assurer le service d'épuration de l'eau. Cette notion de fonction écosystémique permet de caractériser le potentiel de l’écosystème à délivrer un service, et s’intéresse ainsi au bon fonctionnement des processus internes de l’écosystème.
Plusieurs catégories de services écosystémiques ont été identifiées par la classification européenne Common International Classification of Ecosystem Services (CICES), de l’Agence européenne de l’environnement (Rapport Chevassus-au-Louis, 2009) :
- Les services d’approvisionnement : il s’agit des services de fourniture (eau, alimentation, et autres ressources naturelles servant de matières premières comme le bois). Les produits issus de ces services font souvent l’objet d’un échange marchand, mais peuvent être également autoconsommés ou troqués.
- Les services de régulation : généralement non appropriables, ces services traduisent la capacité des écosystèmes à modérer ou réguler, « dans un sens favorable à l’Homme des phénomènes comme le climat, différents aspects du cycle de l’eau, l’occurrence et l’ampleur des maladies, ou à protéger d’événements catastrophiques ».
- Les services culturels : ils désignent toutes les utilisations de services écosystémiques « à des fins récréatives, esthétiques, spirituelles ou éducatives ».
Exemple de service d'approvisionnement : la fourniture du bois par les écosystèmes forestiers
Exemple de service d'approvisionnement : la fourniture du bois par les écosystèmes forestiers
Les forêts françaises produisent 90% des besoins nationaux et 75% des besoins industriels en bois (hors énergie). Deux tiers de ce bois récolté est commercialisé et un tiers (bois de chauffage récolté et consommé) ne l’est pas. Les prélèvements de bois en France métropolitaine sont aujourd’hui inférieurs à l’accroissement biologique des arbres.
Prélèvements de bois en forêt au regard de l’accroissement des arbres
61
%
sur la période 2010-2018
Prélèvements de bois en forêt au regard de l’accroissement des arbres
Les prélèvements de bois en forêt représentent 61 % de l’accroissement biologique des arbres.
La valeur commerciale du bois récolté en forêt métropolitaine a été évaluée à 3 milliards d’euros. La filière bois contribue à 0,6 % du PIB national. Cette part est en nette diminution, en raison de la réduction de la part des activités primaires et secondaires dans le PIB et de l’accroissement de celle des activités de service.
425 000 emplois
dans la filière bois française, soit 1,7% de l'emploi en France
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(Pyrénées atlantiques)
Michel MonsayOFB
Les forêts françaises fournissent également d’autres ressources que le bois, comme les espaces sauvages chassés, de nombreux fruits et végétaux à destination des animaux ou de l’alimentation humaine ou des objets décoratifs. Seule une partie de ces biens fait l’objet d’une commercialisation et représente un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de millions d’euros par an (source : EFESE, écosystèmes forestiers). Cette estimation reste très limitée et ne constitue qu’une faible partie des services produits par la forêt : régulation du cycle de l’eau, épuration de l’air, santé et ressourcement, services spirtuels, ...

Le portail forêt de l’IGN donne accès aux données de l’inventaire forestier. Ces données couvrent 60 ans de suivi de la ressource forestière en France métropolitaine et incluent également des données concernant la flore et les habitats.
Un exemple de service de régulation : la pollinisation
Un exemple de service de régulation : la pollinisation
La zoogamie, qui est le transport de pollen par les animaux, concerne 80 % des espèces de plantes à fleurs (EFESE, Rapport intermédiaire, 2016). La pollinisation est fondamentale pour la reproduction végétale. Il s’agit en effet d’un service de fourniture essentiel pour la production agricole.
84 % des espèces
végétales cultivées au niveau européen dépendent directement des insectes pollinisateurs
En savoir plusEn savoir plus
Séverine Bignon, OFB
Dans le cadre du programme EFESE, la valeur du service de pollinisation au niveau national a été estimée entre 2,3 et 5,2 milliards d’euros en 2010. Les pollinisateurs contribuent ainsi à entre 5 et 12 % de la valeur marchande de la production agricole destinée à l’alimentation humaine en France.
La carte ci-dessous présente l’indice moyen de potentiel de pollinisation par département en France, en 2014. Un fort gradient nord-sud existe.
Un exemple de service culturel : la valeur esthétique des paysages
Un exemple de service culturel : la valeur esthétique des paysages
La société accorde d’autres valeurs à la biodiversité, qui n’ont pas un caractère marchand. C’est le cas de la valeur esthétique attribuée à la nature, bien que celle-ci contribue à l’attractivité d’un territoire, et donc à son potentiel touristique. Cette valeur peut se traduire par l’attribution de statuts spécifiques de protection et de conservation.
56 parcs
naturels régionaux couvrant plus de 15 % du territoire français
En savoir plusEn savoir plusPlus de 2 700 sites sont aujourd’hui classés au regard de la loi du 2 mai 1930 pour la protection des monuments et sites naturels, qui reconnaît l’intérêt remarquable de ces paysages d’un point de vue scientifique, pittoresque, historique ou artistique. Parmi les aires protégées en France pour la conservation de la biodiversité (qui représente un service en soi), certaines, comme les parcs (nationaux, naturels régionaux, marins), les sites acquis par le conservatoire du littoral ou les sites désignés au titre du patrimoine mondial de l'UNESCO, ont également comme finalité la conservation des paysages pour leur valeur esthétique ou culturelle. Parmi les 45 biens inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO que compte la France, 5 y sont au titre naturel : le golfe de Porto en Corse, la chaîne des Puys, les lagons de Nouvelle-Calédonie, les pitons et cirques de l'île de La Réunion, les terres et mers australes françaises.
Diaporama photos
Les parcs nationaux français
Le biomimétisme
Le biomimétisme
La biodiversité est également une source d’inspiration esthétique (art) et en termes d’ingénierie. Le biomimétisme est une méthode de recherche qui s’inspire du vivant et le « mime », pour innover et créer des produits ou services. Le velcro par exemple (le « scratch » sur les baskets) est inspiré de la bardane, dont les fruits ont des crochets qui leur permettent de s‘accrocher à tout ce qui passe à proximité pour faciliter la dispersion des graines.