Les services rendus à la société par les écosystèmes

service ecosystémique buches empilées
service ecosystémique buches empilées

Les services rendus à la société par les écosystèmes

Comment notre société dépend-t-elle des écosystèmes ?

Mise à jour 06 décembre 2022

Nous dépendons de la biodiversité pour respirer, nous nourrir, nous vêtir, habiter un environnement non risqué, notre santé et la production de différents types de biens utiles à notre économie et notre bien-être. Pourtant, le modèle économique actuel de production et de consommation des ressources détruit et fragilise les écosystèmes, en faisant peser sur eux de nombreuses pressions. Les pollutions, la surexploitation des ressources ainsi que l’artificialisation des sols et des zones de vie de la biodiversité sont autant de menaces qui pèsent sur elle et réduisent les services que celle-ci nous rend.

1. La société dépendante de la nature

1. La société dépendante de la nature

Pollinisation par un Syrphe porte-plume Benjamin Guichard / OFB
Pollinisation par un Syrphe porte-plume


Nous sommes dépendants des biens et services que la nature nous procure, appelés « services écosystémiques ». Ils sont nécessaires et vitaux pour les individus et la société. Par ailleurs, des secteurs entiers de l’économie (comme l’agriculture, la foresterie ou le secteur des produits de la mer) reposent directement sur ces services. De nombreux emplois au niveau national dépendent donc de la biodiversité et de sa propension à assurer ces services.

Mais la capacité de la nature à fournir ces services essentiels s’altère. La pollinisation, la régulation de la qualité de l’air et des événements climatiques extrêmes sont autant de services dont la qualité se dégrade depuis un demi-siècle (IPBES, Summary for policymakers, 2019).


La préservation de la biodiversité est donc un enjeu majeur de société, tant sur le plan éthique qu’au niveau économique, social, sanitaire et culturel : bénéficier de ses services, durablement, implique de prendre soin des écosystèmes qui les supportent, pour ce qu’ils sont, pour notre bien-être et pour celui des générations futures.

Ce qu'il faut retenir ...

14 des 18 des principaux services écosystémiques rendus poursuivent depuis cinquante ans une trajectoire globale de déclin.

Source : lien

2. Les services écosystémiques

2. Les services écosystémiques

Le bon fonctionnement des sociétés dépend en grande partie de la biodiversité. Elle fournit à la fois des ressources naturelles nécessaires à la production de biens répondants à des besoins vitaux ou marchands (alimentation, matières premières, énergie…) et de services, mais également des fonctions qui rendent cette production possible.


La notion de « service écosystémique » vise à décrire ces biens et services que la biodiversité fournit à la société, et qui sont nécessaires à son fonctionnement. Le concept de service écosystémique est donc anthropocentré (dans le cadre d’une vision où l’Homme est séparé du reste du vivant dont il retire des services) puisqu’il permet de décrire les avantages conférés par la biodiversité à la société à condition d’être utilisés durablement.

 

Culture du colza Michel Monsay / OFB
Culture du colza
Pêche traditionnelle mahoraise sur une pirogue à balancier (Mayotte) Yannick Stephan - Mayotte Découverte
Pêche traditionnelle mahoraise sur une pirogue à balancier (Mayotte)

 

Les services écosystémiques sont parfois traduits en termes monétaires ou biophysiques, lorsqu’il est possible de les quantifier (sachant que cette traduction est soumise à controverse). Il est ainsi attribué à la biodiversité des valeurs d’usage, directes ou indirectes, ainsi que des valeurs de non usage. Ces dernières découlent d’une approche patrimoniale de la biodiversité, c’est-à-dire qui prend en compte les choix éthiques des générations actuelles vis-à-vis des besoins des générations futures, et limite la consommation des biens et services fournis par la biodiversité pour permettre aux générations futures de pouvoir y accéder.

 

Les valeurs d'usage et de non usage accordées à la biodiversité (inspiré du rapport Chevassus-au-Louis) Olivier Debuf / OFB
Tourbière, zone humide où s'accumule une matière organique d'origine végétale Astrid Morel / OFB
Tourbière, zone humide où s'accumule une matière organique d'origine végétale

La notion de service écosystémique doit être appréhendée dans le cadre d’une soutenabilité forte et donc d’une utilisation compatible avec le fonctionnement des écosystèmes (dans le cadre de l’Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques). Une surexploitation du service, la destruction de l’écosystème ou la dégradation des fonctions écologiques conduisent à une réduction du service voire à sa disparition. Le concept de service écosystémique vise donc avant tout à faire prendre conscience de la dépendance de la société à la biodiversité.

 

Afin de compléter cette approche, la notion de service écosystémique est associée à celle de fonction écosystémique. Pour délivrer des services, les écosystèmes doivent disposer de fonctions écologiques en bon état. Par exemple, un milieu humide en mauvais état (drainé, compacté...) ne dispose pas des fonctions écologiques, comme la présence d'espaces dotés d'une végétation suffisante, pour assurer le service d'épuration de l'eau. Cette notion de fonction écosystémique permet de caractériser le potentiel de l’écosystème à délivrer un service, et s’intéresse ainsi au bon fonctionnement des processus internes de l’écosystème.   

Plusieurs catégories de services écosystémiques ont été identifiées par la classification européenne Common International Classification of Ecosystem Services (CICES), de l’Agence européenne de l’environnement (Rapport Chevassus-au-Louis, 2009) :
 

  • Les services d’approvisionnement : il s’agit des services de fourniture (eau, alimentation, et autres ressources naturelles servant de matières premières comme le bois). Les produits issus de ces services font souvent l’objet d’un échange marchand, mais peuvent être également autoconsommés ou troqués.
     
  • Les services de régulation : généralement non appropriables, ces services traduisent la capacité des écosystèmes à modérer ou réguler, « dans un sens favorable à l’Homme des phénomènes comme le climat, différents aspects du cycle de l’eau, l’occurrence et l’ampleur des maladies, ou à protéger d’événements catastrophiques ».
     
  • Les services culturels : ils désignent toutes les utilisations de services écosystémiques « à des fins récréatives, esthétiques, spirituelles ou éducatives ».
Typologie des services écosystémiques selon la classification européenne CICES Olivier Debuf / OFB

Il est aujourd’hui très difficile de quantifier précisément la dépendance de l’économie nationale, et plus largement du fonctionnement de la société, à la biodiversité française et internationale. Par exemple, les importations de biens engendrent des impacts sur les écosystèmes et les espèces hors du territoire national. Décrire ces relations permettrait une meilleure prise en compte de la dépendance de la société vis-à-vis de la biodiversité.


Pour tenter de mesurer cette dépendance, plusieurs méthodes ont été développées. Le programme d’évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (EFESE), lancé en 2009, vise à quantifier de façon biophysique ou monétaire certains de ces services.
 

  • Un exemple de service d'approvisionnement : la fourniture de bois par les écosystème forestier
  • Un exemple de service de régulation : la pollinisation
  • Un exemple de service culturel : la valeur esthétique des paysages 

3. La fourniture du bois par les écosystèmes forestiers

3. La fourniture du bois par les écosystèmes forestiers

Les forêts françaises produisent 90% des besoins nationaux et 75% des besoins industriels en bois (hors énergie). Deux tiers de ce bois récolté est commercialisé et un tiers (bois de chauffage récolté et consommé) ne l’est pas.  Les prélèvements de bois en France métropolitaine sont aujourd’hui inférieurs à l’accroissement biologique des arbres.

 

Indicateurs ONB

Prélèvements de bois en forêt au regard de l’accroissement des arbres

61

%

sur la période 2010-2018

Métropole

Prélèvements de bois en forêt au regard de l’accroissement des arbres

Les prélèvements de bois en forêt représentent 61 % de l’accroissement biologique des arbres.

La  valeur commerciale du bois récolté en forêt métropolitaine a été évaluée à 3 milliards d’euros.  La filière bois contribue à 0,6 % du PIB national. Cette part est en nette diminution, en raison de la réduction de la part des activités primaires et secondaires dans le PIB et de l’accroissement de celle des activités de service.

Les forêts françaises fournissent également d’autres ressources que le bois, comme les espaces sauvages chassés, de nombreux fruits et végétaux à destination des animaux ou de l’alimentation humaine ou des objets décoratifs. Seule une partie de ces biens fait l’objet d’une commercialisation et représente un chiffre d’affaires de plusieurs dizaines de millions d’euros par an (source : EFESE, écosystèmes forestiers). Cette estimation reste très limitée et ne constitue qu’une faible partie des services produits par la forêt : régulation du cycle de l’eau, épuration de l’air, santé et ressourcement, services spirtuels, ...

Accès aux données de l'inventaire forestier
Inventaire forestier IGN

Le portail forêt de l’IGN donne accès aux données de l’inventaire forestier. Ces données couvrent 60 ans de suivi de la ressource forestière en France métropolitaine et incluent également des données concernant la flore et les habitats.

Ressources

Consulter

4. La pollinisation 

4. La pollinisation 

La zoogamie, qui est le transport de pollen par les animaux, concerne 80 % des espèces de plantes à fleurs (EFESE, Rapport intermédiaire, 2016). La pollinisation est fondamentale pour la reproduction végétale. Il s’agit en effet d’un service de fourniture essentiel pour la production agricole.

Dans le cadre du programme EFESE, la valeur du service de pollinisation au niveau national a été estimée entre 2,3 et 5,2 milliards d’euros en 2010. Les pollinisateurs contribuent ainsi à entre 5 et 12 % de la valeur marchande de la production agricole destinée à l’alimentation humaine en France.

La carte ci-dessous présente l’indice moyen de potentiel de pollinisation par département en France, en 2014. Un fort gradient nord-sud existe. 

Abondance des pollinisateurs sauvages en France métropolitaine Olivier Debuf / OFB

5. La valeur esthétique des paysages

5. La valeur esthétique des paysages

Plus de 2 700 sites sont aujourd’hui classés au regard de la loi du 2 mai 1930 pour la protection des monuments et sites naturels, qui reconnaît l’intérêt remarquable de ces paysages d’un point de vue scientifique, pittoresque, historique ou artistique.

Parmi les aires protégées en France pour la conservation de la biodiversité (qui représente un service en soi), certaines, comme les parcs (nationaux, naturels régionaux, marins), les sites acquis par le conservatoire du littoral ou les sites désignés au titre du patrimoine mondial de l'UNESCO, ont également comme finalité la conservation des paysages pour leur valeur esthétique ou culturelle. Parmi les 45 biens inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO que compte la France, 5 y sont au titre naturel : le golfe de Porto en Corse, la chaîne des Puys, les lagons de Nouvelle-Calédonie, les pitons et cirques de l'île de La Réunion, les terres et mers australes françaises.

Quelques parcs nationaux français (métropole et outre-mer)

Parc national de La Réunion (Massif du Piton de la Fournaise) Clo & Clem
Parc national de La Réunion (Massif du Piton de la Fournaise)
Parc national de la Vanoise (Cascade de la Fraîche, Savoie) Benjamin Guichard / OFB
Parc national de la Vanoise (Cascade de la Fraîche, Savoie)
Parc national de Port-Cros (Baie de la Courtade, Porquerolles, Var) Anthony Sturbois
Parc national de Port-Cros (Baie de la Courtade, Porquerolles, Var)
Parc national des Cévennes (Gorges de la Jonte, Lozère) Arnaud Bouissou / Terra
Parc national des Cévennes (Gorges de la Jonte, Lozère)

6. Le biomimétisme

6. Le biomimétisme

La biodiversité est également une source d’inspiration esthétique (art) et en termes d’ingénierie. Le biomimétisme est une méthode de recherche qui s’inspire du vivant et le « mime », pour innover et créer des produits ou services. Le velcro par exemple (le « scratch » sur les baskets) est inspiré de la bardane, dont les fruits ont des crochets qui leur permettent de s‘accrocher à tout ce qui passe à proximité pour faciliter la dispersion des graines.

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