La sensibilisation des acteurs économiques
La sensibilisation des acteurs économiques
Comment est prise en compte la biodiversité par les acteurs économiques ?
Mise à jour 08 décembre 2022
La société française dans son ensemble dépend de la biodiversité. Pourtant, cette biodiversité est menacée par de nombreuses pressions qui découlent de nos modes de production et de consommation. Ces pressions (comme l’artificialisation du territoire, les pollutions ou la surexploitation des ressources naturelles) sont à l’origine de la disparition d’espèces et de milieux, et réduisent les capacités de la biodiversité à offrir les services écosystémiques nécessaires à la société. Agir pour diminuer ces pressions signifie agir sur les déterminants économiques, sociaux, culturels qui en sont à l’origine, dans un contexte d’intensification de l’économie et du commerce international et d’une population mondiale croissante. La question de la prise en compte par les acteurs économiques des enjeux liés aux pertes de biodiversité est donc prépondérante.
Prise en compte de la biodiversité par les entreprises du CAC40
Contexte
Contexte
Les acteurs économiques (pouvoirs publics nationaux et locaux, entreprises et ménages) sont de plus en plus sensibilisés à ces questions. Pour autant, les enjeux sont différents selon les acteurs concernés, et les réponses apportées ne sont pas les mêmes. Ainsi, les pouvoirs publics ont un rôle important pour intégrer les enjeux de la biodiversité aux politiques publiques, qu’elles soient réglementaires ou incitatives. Les ménages, notamment par leurs choix de consommation, peuvent quant à eux influencer les décisions des entreprises. Les entreprises enfin prennent en compte les dimensions réglementaires et les attentes des consommateurs afin d’adapter leur production. Les décisions des uns influencent les choix des autres.
Rendre compte de la sensibilisation des acteurs économiques à la biodiversité n’est pas aisé, en raison du manque de données disponibles et de leur caractère parfois subjectif (comme l’utilisation d’enquêtes portant sur des consommations déclarées).
1. La sensibilisation des pouvoirs publics
1. La sensibilisation des pouvoirs publics
Les pouvoirs publics sont des acteurs fondammentaux pour la préservation de la biodiversité, en raison de la nature transversale des problématiques liées à la biodiversité. Certains enjeux concernent l’ensemble du territoire, alors que d’autres sont intrinsèquement locaux et dépendent du contexte territorial. La préservation de la biodiversité par les pouvoirs publics nécessite donc des orientations définies aux niveaux national comme local.
La sensibilisation des pouvoirs publics aux enjeux de biodiversité peut être estimée de plusieurs façons. Elle peut se traduire à la fois par les moyens accordés aux actions en faveur de la biodiversité, par l’intégration de ces problématiques dans la réglementation (par exemple à travers les documents d’urbanisme) ou encore par des dispositifs plus incitatifs.
L'effort financier public en faveur de la biodiversité
Le suivi dans le temps de la composante publique de l’effort financier national en faveur de la biodiversité (c’est à dire l’ensemble des financements publics et privé consacrés à des actions en faveur de la biodiversité) peut apporter une première information sur la prise en compte des enjeux de biodiversité par les pouvoirs publics, ainsi que l’envergure des mesures mises en oeuvre.
La composante publique de cet effort financier s’élevait ainsi à 1 800 millions d’euros en 2017 (en légère baisse par rapport à 2016) sur un total de 2 226 millions d’euros.
Effort financier national pour la biodiversité
3,3
milliards d'euros courants
en 2021
Effort financier national pour la biodiversité
En 2021, 3,3 milliards d'euros ont été consacrés à la protection de la biodiversité en France
Si les dépenses en faveur de la biodiversité ont plus que doublé entre 2000 et 2015, on observe ces dernières années une inflexion de l’origine des financements pour la biodiversité de l’État vers les collectivités locales et les agences de l’eau. La part du budget de l’État consacrée à la biodiversité reste très faible par rapport à son budget total, même si l’objectif inscrit dans la loi Grenelle 1 de 2009 de porter à 300 millions d’euros par ans d’ici à 2013 "la part de financement de l’État d'actions destinées à élaborer une Trame verte et bleue, à la gestion des espaces protégés, à l’acquisition de zones humides, à la sauvegarde des espèces menacées et à l’analyse de l'érosion de la biodiversité” a été rempli.
La France s’est également engagée au niveau international à financer des initiatives en faveur de la biodiversité, dans le cadre de l’aide publique au développement, et à maintenir un niveau d’aide au moins supérieur à 212 millions d’euros par an jusqu’en 2020. En 2017, 340 millions d’euros ont ainsi été versés dans ce cadre. Ce montant indique que la France se mobilise à l’international pour le développement d'initiatives régionales, nationales et locales qui répondent aux objectifs de la Convention sur la diversité biologique.
La prise en compte de la biodiversité par les collectivités dans les documents d'aménagement
La sensibilisation des pouvoirs publics aux enjeux de biodiversité se traduit au niveau local de nombreuses manières. On peut en particulier considérer l’intégration de ces problématiques dans les documents d’aménagement.
Afin d’améliorer cette intégration, la loi “Engagement national pour l’environnement” de juillet 2010, a prévu que les Schémas de cohérence térritoriale puissent davantage prendre en compte la biodiversité (on parle de “SCoT Grenelle“), avec en particulier des objectifs chiffrés de limitation de la consommation d’espaces. Depuis cette loi, les SCot Grenelle se développent peu à peu, mais restent minoritaires. Ainsi, alors que 12 % du territoire était couvert par un SCoT Grenelle en 2014, cette part a augmenté pour passer à 31 % en 2019, correspondant à 171 schémas approuvés (sur un total de 16 SCoT approuvés).
Indicateurs ONB
Territoire couvert par un schéma d'aménagement du territoire incluant les enjeux de biodiversité
31
%
en 2019
Territoire couvert par un schéma d'aménagement du territoire incluant les enjeux de biodiversité
31 % du territoire est couvert par un document d'aménagement prenant en compte les enjeux de biodiversité ("SCOT Grenelle").
Ce qu'il faut retenir ...
En 2017 en France, 2 226 millions d'euros ont été mobilisés au niveau national en faveur de la préservation de la biodiversité et des paysages
Source : lien
2. La sensibilisation des acteurs économiques
2. La sensibilisation des acteurs économiques
Tout comme les pouvoirs publics, la sensibilisation des entreprises est difficile à évaluer, en raison du manque de données relatives à l’implication des entreprises sur ce sujet. Il est cependant possible d’étudier le développement de modes de production plus respectueux au sein de certaines filières. L’émergence de thématiques comme l’empreinte biodiversité ou le développement de certifications et labels peuvent également être perçus comme une prise de conscience progressive de ces enjeux.
La prise en compte de la biodiversité par l'ensemble des entreprises
Différentes initiatives mises en place par les entreprises de façon volontaire permettent de renseigner leur sensibilisation à ces sujets. Il est ainsi possible de s’intéresser aux labels environnementaux. Ces derniers n’accordent cependant pas la même importance à la biodiversité. Les entreprises peuvent également lancer des programmes de préservation de la nature sur les sites qu’elles détiennent (dispositifs d’accueil pour les insectes ou oiseaux, zéro pesticide). Un dispositif national d’engagement non contraignant des entreprises existe aussi en France, adossé à la Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB). Toutes ces actions engagées constituent en effet des signaux, indiquant un début de prise en compte de la biodiversité par les entreprises. Toutefois, ces formes d’engagement ne concernent qu’une petite partie des pressions des acteurs privés sur la biodiversité, puisqu’elles ne prennent pas en compte la totalité des pressions exercées de façon directe ou indirecte par les entreprises sur la nature.
Cette sensibilisation émergente s’exprime également par le développement de problématiques liées à l’intégration de la biodiversité dans le bilan de l’entreprise comme l’empreinte biodiversité ou la comptabilité écologique. On peut ainsi avoir un apperçu de la sensibilisation des grandes entreprises à la prise en compte de la biodiversité à travers l’analyse de leurs rapports extra-financiers, qui sont obligatoires pour les entreprises du CAC 40.
Par ailleurs, dans les secteurs dépendant directement de la biodiversité et ayant un impact direct sur celle-ci, comme l’agriculture, Il est possible de mesurer la sensibilisation des entreprises à la biodiversité par le développement ou non de modes de production fondés sur une gestion durable des ressources naturelles. Ainsi, par exemple, le nombre de conversions d’exploitations agricoles en agriculture biologique a fortement augmenté ces dernières années, correspondant à près de 10% des exploitations françaises (source : Agence Bio, Les chiffres 2018 du secteur bio). La surface agricole utilisée (SAU) cultivée en agriculture biologique certifiée représente en 2018 7,5 % de la SAU totale.
Indicateurs ONB
Agriculture biologique
10,7
%
en 2022
Agriculture biologique
10,7 % de la Surface Agricole Utile (SAU) est exploitée en agriculture biologique
Pour être certifiés en agriculture biologique, les agriculteurs doivent respecter des cahiers des charges définis par des réglementations européennes. Les principes fondamentaux de l'agriculture bio reposent sur la non-utilisation de produits chimiques de synthèse et d'organismes génétiquement modifiés, le recyclage des matières organiques, la rotation des cultures, la lutte biologique et le respect du bien-être animal. Les principes promus par l'agriculture biologique favorisent le maintien d'une biodiversité des sols plus riche.
3. La sensibilisation des citoyens
3. La sensibilisation des citoyens
La sensibilisation des citoyens aux enjeux de biodiversité peut se mesurer par leur implication en faveur de ces sujets, par leur niveau de connaissance sur la biodiversité ainsi que par l’évolution des choix de consommation. Les citoyens se sentent aujourd’hui davantage concernés par les problématiques liées au déclin de la biodiversité. En 2017, 24 % des Français considèrent que la disparition de certaines espèces animales ou végétales fait partie des deux problèmes liés à la dégradation de l'environnement les plus importants.
De même, le nombre de Français qui prennent part à des programmes de sciences participatives a explosé sur la dernière décénie avec une participation multipliée par 5 sur la dernière décennie.
Indicateurs ONB
Évolution de l'implication des citoyens dans les sciences participatives liées à la biodiversité
14
%
en 2023
Évolution de l'implication des citoyens dans les sciences participatives liées à la biodiversité
Le nombre de citoyens engagés dans les sciences participatives a augmenté de 14 % entre 2022 et 2023
Par ailleurs, même si la préservation de la biodiversité n’est pas forcément la seule raison du développement de la demande en produits issus de l’agriculture biologique (71 % des Français ont déclaré avoir consommé au moins une fois par mois des produits bio en 2018), la forte croissance de ce marché (9,7 milliards d’euros en 2018 soit +16 % par rapport à 2017, source Agence Bio) traduit une préoccupation croissante de la population pour la protection de l’environnement.
Enfin, la prise en compte des enjeux de biodiversité par les citoyens peut être mesurée par la participation de ces derniers à des associations naturalistes ou de protection de l’environnement. On comptait en 2019 environ 50 000 adhérents à la Ligue de protection des oiseaux (Source : LPO), ce qui n’est pas négligeable, même si à titre de comparaison, la Royal Society for the Protection of Birds, son pendant britannique revendiquait plus d’un million d’adhérents la même année.
Ressources
Consulter4. Le développement des métiers de l’économie verte
4. Le développement des métiers de l’économie verte
D’après le PNUE (Programme des nations unies pour l’environnement), l’économie verte « entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources ». Cette économie concerne des secteurs variés, aussi bien l’industrie que l’agriculture ou le recyclage.
L’économie verte repose sur les activités exercées par deux types de métiers:
Les métiers "verts"
C’est à dire directement liées à l’environnement. L’Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte les définit comme étant des métiers « dont la finalité et les compétences mises en œuvre contribuent à mesurer, prévenir, maîtriser, corriger les impacts négatifs et les dommages sur l’environnement ». Il peut s’agir par exemple de techniciens chargés de la police de l’environnement, gardes forestier, agents de tri des déchets ou encore techniciens en traitement des eaux.
0,5 %
de l'emploi total (soit 142 000 emplois) sont des métiers verts
(chiffre 2016)
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Les métiers "verdissants"
Ce sont des professions dont « la finalité n’est pas environnementale, mais qui intègrent de nouvelles « briques de compétences » pour prendre en compte de façon significative et quantifiable la dimension environnementale dans le geste métier » (Observatoire national des emplois et métiers de l’économie verte). Ce sont donc des métiers qui évoluent ou vont évoluer pour prendre en compte les préoccupations liées à l’environnement, comme les architectes, jardiniers, électriciens, etc.
14%
de l'emploi total (soit plus de 3,7 millions d'emplois) sont potentiellement des métiers verdissants (chiffre 2017)
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Afin de préparer et accompagner les acteurs économiques vers la transition écologique, un plan national de mobilisation pour les emplois et métiers de l'économie verte a été déployé. Des prix récompensent les projets exemplaires (prix entreprises et environnement.). Il est organisé par le ministère de l'environnement et l'ADEME.
15,8%
des offres d’emploi collectées par Pôle Emploi
et 14,4% des demandeurs d’emploi inscrits
relèvent de l’économie verte (chiffre 2019)