Surexploitation des ressources
Surexploitation des ressources
Comment évoluent les pressions liées à la surexploitation des ressources ?
Mise à jour 03 décembre 2022
Les ressources naturelles sont surexploitées pour satisfaire les besoins humains. Les écosystèmes nous fournissent les ressources que nous consommons : aliments, eau, matériaux, minerais et combustibles. La quantité de ressources naturelles qui est extraite chaque année a presque doublé depuis 1980. La surexploitation concerne aussi bien les ressources naturelles non renouvelables que les renouvelables, qui sont exploitées au-delà de leur capacité de renouvellement (les ressources n’ont pas le temps d’être renouvelées).
La surexploitation des ressources participe fortement à l’érosion de la biodiversité : destruction d’habitats naturels, réduction des ressources disponibles dont dépendent de nombreuses espèces sauvages, pollutions, perturbation et mortalité de certaines espèces sauvages voire même protégées (récolte/chasse/pêche intensive).
Bilan 2019 de l'Observatoire national de la biodiversité
1. L'indicateur de la surexploitation à l'échelle mondiale
1. L'indicateur de la surexploitation à l'échelle mondiale
Le « jour du dépassement » est le jour de l’année où l’humanité a consommé l’équivalent des ressources que l’ensemble des écosystèmes de la planète peut générer en une année. Calculé par l’ONG américaine Global Footprint Network en partenariat avec le WWF, ce jour arrive de plus en plus tôt tous les ans. Il était en décembre dans les années 1970, en octobre dans les années 1990 et a atteint le 29 juillet en 2018 et 2019. L’année 2020 a connu un recul de cette date du fait de l’épidémie de coronavirus (22 août).
La surconsommation des ressources naturelles conduits nécessairement à une dégradation des écosystèmes et à la perturbation des équilibres naturels (dont le climat). Si tous les humains consommaient de la même manière qu’un Français, il faudrait alors 2,7 planètes Terre.
Ce qu'il faut retenir ...
Environ 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont consommées chaque année dans le monde soit l'équivalent de 1,6 planètes Terre
Source : lien
2. Les causes de la surexploitation
2. Les causes de la surexploitation
Différents facteurs sont à l’origine de la surexploitation des ressources naturelles.
La croissance démographique
La croissance démographique augmente les besoins globaux de l’humanité en nourriture (viandes, céréales...) matériaux (papiers, bois, béton ...) et énergie (consommation d'hydrocarbures). Depuis 1970, la population humaine a plus que doublé, passant de 3,7 à 7,6 milliards. La consommation individuelle de matériaux a par exemple augmenté de 15 % depuis 1980 dans le monde.
. Cependant l’accès aux ressources naturelles est très inégal entre les pays, notamment entre le Nord et le Sud. L’Europe, L’Amérique du Nord et la Russie représentent par exemple 39 % de la consommation mondiale d’énergie primaire alors que le continent africain environ 6 % uniquement.
Pour répondre à cette demande mondiale globalisée, on assiste depuis les années 80 à la mondialisation du transport de marchandises (principalement par voie fluviale) avec des importations de ressources toujours plus importantes : ainsi il peut être difficile de qualifier exactement leur provenance. Une partie importante de la surexploitation des ressources engendrée par la consommation des Français est masquée car leur production n’a souvent pas lieu sur le territoire national, mais via les importations de certaines ressources surexploitées ou cause de surexploitation ailleurs dans le monde (bois exotiques, etc.).
Les modes de production
Par ailleurs, les principaux modes de production des ressources ne sont pas durables. Seulement 29 % des exploitations agricoles ont une production durable dans le monde. L’exploitation des ressources marines dans les eaux françaises est encore incompatible avec une gestion durable des stocks de poissons, malgré des améliorations notables de la politique européenne commune de la pêche. Les produits jetables c'est-à-dire non recyclés/recyclables (suremballages, déchets électroniques, plastiques, etc.) issus de l'industrie illustrent aussi ces modes de productions non durables.
Le braconnage
Les espèces animales sauvages sont aussi victime de cette surexploitation. Le braconnage en est une composante majeure : le terme désigne la pratique d’une chasse ou d’une pêche illégale, c’est-à-dire ne respectant pas les espèces ou les aires protégées, les périodes, tailles et âges réglementaires ou les techniques autorisées.
Les braconniers agissent pour des débouchés très divers, qui vont de la consommation personnelle au trafic international (animaux vivants, cornes, défenses, peaux, écailles, plumes, etc.), en passant par le commerce local illégal (chair ou sous-produits).
Du fait de la vente en ligne d’animaux et de leurs produits dérivés, le braconnage et le trafic associé sont un enjeu international. L’Union européenne est considérée comme le troisième importateur d’espèces sauvages illégales au monde. À l’inverse, certaines espèces protégées sont braconnées en France pour être exportées vers l’Asie, par exemple les civelles (alevins de l’anguille européenne remontant les rivières).
Les conséquences du braconnage sont d’ordre environnemental, économique et social, et potentiellement sanitaire, comme l’a montré la pandémie de Covid-19. L’impact sur les écosystèmes et la biodiversité est très fort et peut mener à la disparition d’espèces.
Au niveau mondial, les espèces braconnées les plus emblématiques sont les éléphants, les rhinocéros, les coraux, les tigres et les grands singes. Toutefois, le braconnage existe aussi en France et concerne diverses espèces.
- Oiseaux (pour leur chair (bruant ortolan), leur chant et leur plumage, ainsi que des rapaces (pourtant tous protégés)
- Mammifères(espèces chassables pour leur viande et les trophées dont les règles ne sont pas respectées, mais aussi des espèces protégées interdites de chasse (phoques, lynx)
- Reptiles (notamment les tortues marines (tortue verte) pour leurs œufs et leur chair
- Poissons et espèces aquatiques (coquillages et crustacés, espèces marines (mérou), espèces migratrices amphihalines (saumon, anguille).
Quelques exemples d'espèces braconnées
Ce qu'il faut retenir ...
Plus de 55 % de l’océan est exploité par la pêche industrielle. En 2015, plus d’un tiers des stocks de poissons marins mondiaux ont été exploités au-delà de leurs limites biologiques.
Source : lien
3. Les conséquences de la surexploitation
3. Les conséquences de la surexploitation
L'altération des conditions de vie des populations humaines
L’exploitation non durable des ressources naturelles dégrade des zones de vie des populations humaines et altère leur santé. Elle détruit aussi des écosystèmes entiers et perturbe leur fonctionnement global, ainsi que tous les services écosystémiques qu’ils assurent. Ces conséquences peuvent être irréversibles, du moins à l’échelle temporelle humaine (le réchauffement climatique par exemple). Alors que les ressources sont surexploitées, environ 11 % de la population mondiale reste sous-alimentée.
L'appauvrissement des ressources
Les stocks des ressources naturelles peuvent s’appauvrir, en particulier en ce qui concerne les pêcheries. La Morue a par exemple été victime de surpêche dans les Grands Bancs de Terre-Neuve au Canada et les captures se sont effondrées dans les années 70. La quantité pêchée est passée de 810 000 tonnes en 1968 à 150 000 en 1977. En 1992, il est décidé de laisser la population de Morue se reconstruire en imposant un moratoire.
En Europe, une accumulation de pressions, dont la surpêche, a provoqué un effondrement des populations de l’Anguille européenne de 90 % dans les années 80. L’espèce est aujourd’hui en danger critique d’extinction. L’Europe a mis en place en 2007 un règlement pour restaurer la population d’Anguille, que la France a décliné sur son territoire en Plan de gestion national Anguille en 2010.
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Ressources
ConsulterLa destruction des habitats naturels
L’exploitation non durable des ressources marines et forestières est aussi à l’origine de la perte d’habitats naturels. Dans le monde, la déforestation est grandement due au développement de l’agriculture : tandis que la valeur de la production agricole a quadruplé depuis 1970, la moitié de l’expansion agricole sur de nouvelles terres dans le monde a lieu au détriment des forêts.
L’extraction de sable littoral pose des problèmes d’érosion du trait de côte dans certains pays. L’exploitation de l’or en Guyane, y compris illégale, ou du nickel en Nouvelle-Calédonie impacte la santé humaine et la biodiversité.
L’extraction et l’utilisation des énergies fossiles, ainsi que la déforestation, sont les causes principales du changement climatique. (lien article changement climatique)
La surexploitation peut aussi concerner les ressources en eau, en particulier pour l’irrigation. 75 % des ressources mondiales en eau douce sont consacrées à la culture ou l’élevage. Certains cours d’eau et zones humides peuvent ainsi se retrouver asséchés.
En France métropolitaine, les petits cours d'eau peuvent être asséchés en été. Cet assèchement (étiage) est un phénomène naturel, qui peut être amplifié par les activités humaines de façon directe (prélèvements en eau) ou indirecte (changements climatiques).
Indicateurs ONB
Petits cours d'eau asséchés en été
15
%
en 2023
Petits cours d'eau asséchés en été
Les assecs représentent 15,0% des observations réalisées à l’été 2023
La mer d’Aral est un lac salé alimenté par deux fleuves en Asie centrale. Jusqu’en 1960, il était le quatrième plus grand lac au monde, avec une surface de 67 300 km² (soit deux fois la Belgique). Puis, l’irrigation des cultures de coton et blé dans les steppes du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan a privé le lac de l’apport en eau des deux fleuves. La mer d’Aral a ainsi perdu 90 % de sa superficie en 10 ans, ce qui a provoqué une augmentation de la salinité de l’eau et la mort de milliers de poissons.
Ce qu'il faut retenir ...
L’exploitation des ressources naturelles est aujourd’hui à l’origine de plus de 2 500 conflits dans le monde, notamment concernant les combustibles fossiles, l’or, la nourriture et l’eau.