La destruction des habitats

La destruction des habitats
La destruction des habitats
Comment évoluent les pressions majeures que notre société fait peser sur la biodiversité ?
Dans le monde, la déforestation est le premier facteur de perte d’habitats : 290 millions d'hectares de couverture forestière ont disparu entre 1990 et 2015. En France, la principale cause de perte, fragmentation et dysfonctionnement des habitats naturels est liée aux changements d’occupation des sols, du fait de l’augmentation de l’urbanisation et des cultures agricoles et sylvicoles intensives.

Les surfaces bâties et revêtues croissent trois fois plus vite que la population française
(1,5 % par an entre 1981 et 2012 contre 0,5 %)
Source : lien
L'étalement urbain
L'étalement urbain

Étalement urbain
(maisons individuelles, entreprises, espaces commerciaux)
L’urbanisation comprend l’imperméabilisation des sols (goudronnage, bétonnage pour des bâtiments et des infrastructures de transports…) et le mitage, c’est-à-dire l’implantation de constructions dispersées dans un paysage naturel. Elle détruit, fragmente et déstructure les écosystèmes.
Entre 2006 et 2015, la France a perdu plus d’un demi-million d’hectare de terres agricoles et espaces naturels (Bilan 2019 de l’ONB), dont la moitié transformée en surfaces goudronnées. Cette superficie est équivalente à environ deux fois la taille du Luxembourg.
Nous consommons individuellement toujours plus d’espace. Ce phénomène s’appelle l’étalement urbain.
Principal milieu naturel métropolitain détruit par artificialisation
58 691
ha
sur la période 1990-2018
Principal milieu naturel métropolitain détruit par artificialisation
58 691 ha de prairies, pelouses et pâturages naturels ont été perdus par artificialisation entre 1990 et 2018.
Des chiffres en image : Artificialisation des sols
Toutes les vidéos sont à retrouver ici
L’homogénéisation et la simplification des paysages
L’homogénéisation et la simplification des paysages
Du fait de l’intensification de l’agriculture, les milieux herbacés (prairies, pelouses sèches, landes) ont été d’une part détruits pour être transformés en espaces cultivés et d’autre part surexploités (plusieurs fauches, engrais, pesticides, surpâturage).
Ce type d’agriculture a aussi simplifié les paysages, en détruisant par exemple des habitats arborés comme les haies. La sylviculture intensive a des conséquences sur le fonctionnement des habitats forestiers en plantant des essences non indigènes et en supprimant les vieux arbres et le bois mort au sol et sur pied.


Un écosystème est peu anthropisé lorsqu’il est peu transformé par l’activité humaine et donc plus favorable à la biodiversité.
Part du territoire occupé par les écosystèmes peu anthropisés
53,3
%
en 2018
Part du territoire occupé par les écosystèmes peu anthropisés
Les écosystèmes peu anthropisés occupent 53,3 % du territoire national.
La fragmentation des habitats
La fragmentation des habitats
La destruction des habitats naturels
Les habitats sont composés d’un milieu (le biotope) et d’êtres vivants qui interagissent entre eux et avec le milieu (la biocénose). La conservation des habitats naturels constitue un enjeu majeur pour la préservation de la biodiversité afin d’éviter qu’ils continuent à être dégradés, détruits et fragmentés par les pressions liées aux activités humaines.
L’augmentation du nombre et de la taille des zones urbanisées ou subissant des pratiques agricoles et sylvicoles intensives diminue le nombre et la taille des habitats naturels. Les distances entre les zones d’habitats naturels augmentent également, ce qui compromet leur fonctionnement.
Les conséquences pour les espèces
Les espèces animales et végétales se déplacent pour accomplir les différentes phases de leur cycle de vie (reproduction, alimentation, repos, hivernation, etc.). Elles peuvent se déplacer de manière volontaire (ramper, marcher, voler) ou utiliser d’autres espèces, le vent ou l’eau.
Cependant, certaines activités humaines constituent des obstacles à leur déplacement, de plusieurs natures :
– Les obstacles physiques comme les routes, autoroutes, voies ferrées, murets, clôtures, lignes électriques, barrages, canaux ou digues ;
– Les obstacles surfaciques constitués des zones urbanisées, des zones d’extraction de ressources naturelles et des espaces subissant des pratiques agricoles et sylvicoles intensives, qui empêchent les espèces de circuler entre les parties de leur domaine vital ou qui engendrent une distance trop importante entre ces différentes parties ;
– Les obstacles non physiques, comme l’éclairage nocturne, qui peut désorienter certains animaux, tels que les oiseaux migrateurs ou de nombreux insectes, mais aussi les pollutions chimiques, électromagnétiques et radioactives, les nuisances sonores (y compris en mer) ou la fréquentation touristique.
Les milieux naturels se retrouvent ainsi cloisonnés et isolés entre des zones urbaines et des zones d’agriculture et sylviculture intensives. Il reste donc peu d’espaces naturels en France dont la surface est supérieure à 100 kms d’un seul bloc.
Fragmentation des milieux naturels
99,97
km²
en 2006
Fragmentation des milieux naturels
La taille effective de maille des espaces naturels en France métropolitaine est estimée à 99,97 km² en 2006.
Les milieux agricoles
Les milieux agricoles
La biodiversité des espaces cultivés disparaît du fait des pratiques intensives et des changements d’occupation des sols.
Les haies et les éléments arborés et arbustifs disparaissent. Les prairies font partie des écosystèmes agricoles les plus riches en biodiversité. En France métropolitaine, elles constituent le type d’habitat qui a le plus disparu au cours des dernières décennies.
En France métropolitaine, la surface des prairies diminue dans les petites régions agricoles ayant au moins 20 % de leur surface agricole utile en prairies (c’est-à-dire qu’au moins 20% de la zone destinée à la production agricole est en prairies).
Des chiffres en image : Prairies permanentes
Toutes les vidéos sont à retrouver ici
Évolution des surfaces de grands espaces toujours en herbe
-7,9
%
sur la période 2000-2010
Évolution des surfaces de grands espaces toujours en herbe
La surface des grands espaces de prairies permanentes a diminué de 7,9 % en métropole entre 2000 et 2010.
Les milieux humides et aquatiques
Les milieux humides et aquatiques
Ces milieux sont fortement menacés par l’agriculture intensive (retournement, drainage, surexploitation), les pollutions et l’urbanisation. Le drainage agricole (élimination de l’excès d’eau dans le sol) peut par exemple entraîner la perturbation voire la destruction de ces zones.
72%
Entre 1960 et 1990, plus de la moitié de la superficie des zones humides a disparu en France
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Destruction d'une zone humide / Marc Le Baron / OFB
Rythme du drainage agricole en France
5 979
ha/an
sur la période 2000-2010
Rythme du drainage agricole en France
5 979 ha de surface agricole sont drainées chaque année en moyenne en France.
La canalisation, l’endiguement et la fragmentation détruisent la fonctionnalité des cours d’eau et les milieux associés (ripisylve, prairies inondables, noues, etc.), et perturbent le cycle de vie de certaines espèces, comme les poissons migrateurs qui ne peuvent plus remonter les rivières. La plupart des cours d’eau ont été fortement transformés par l’Homme, ce qui impacte grandement leur naturalité.
Fragmentation des cours d'eau
1
obstacle tous les 6 km de cours d'eau
en 2020
Fragmentation des cours d'eau
On dénombre en moyenne 1 obstacle à l'écoulement tous les 6 km de cours d'eau.
Naturalité estimée des cours d'eau
8,4
%
en 2019
Naturalité estimée des cours d'eau
La naturalité de 8,4 % des rivières est forte.
Les milieux marins et littoraux
Les milieux marins et littoraux
Environ 66%
des milieux marins ont été fortement modifiés sous l’action humaine dans le monde
En savoir plusEn savoir plus
L’urbanisation, la fréquentation touristique et toutes leurs conséquences sont les principales causes de destruction des habitats marins et côtiers. Les constructions pour accueillir une activité touristique ainsi que l’expansion de la navigation de plaisance perturbent le mode de vie d’animaux marins tels que les baleines ou marsouins.
Les habitats marins et côtiers peuvent aussi être détruits ou occupés par les nombreuses activités humaines ayant lieu dans les environnements marins, comme les pêcheries ou élevages de poissons, les ports, décharges…
La pollution des zones côtières a par ailleurs provoqué l’apparition de plus de 400 « zones mortes », où le manque d’oxygène provoque l’asphyxie de nombreuses espèces.
État de conservation des habitats marins et côtiers
6
%
sur la période 2013-2018
État de conservation des habitats marins et côtiers
6 % des écosystèmes marins et côtiers remarquables sont dans un bon état de conservation.

L’observatoire national de la mer et du littoral propose de nombreuses ressources (chiffres clés, publications, articles) sur les dimensions socio-économiques et écologiques de la mer et du littoral
Évolution de l'état des récifs coralliens
29
%
en 2017
Évolution de l'état des récifs coralliens
Le recouvrement en corail vivant a diminué dans 29 % des stations suivies, d'après le dernier bilan établi en 2017.


Les milieux forestiers
Les milieux forestiers
La déforestation a fait disparaître 290 millions d’hectares de couverture forestière dans le monde entre 1990 et 2015 au profit de l’agriculture et de l’urbanisation. C’est la première cause de destruction des habitats.

L’expansion agricole est la première cause de déforestation, puisque la demande en ressources alimentaires doit pouvoir répondre aux besoins d’une population mondiale en croissance constante. Une autre origine de la déforestation est l’extraction d’énergies fossiles ou d'autres ressources minérales. En plus d’endommager des forêts, elle peut rendre les sols forestiers infertiles, en cas de fuite de pétrole par exemple.
La sylviculture intensive détruit le fonctionnement des habitats forestiers en plantant des essences non indigènes, en tassant les sols et en supprimant les vieux arbres et le bois mort au sol et sur pied.
La déforestation constitue un facteur à surveiller dans les Outre-mer français, notamment en zone tropicale.
Principal milieu naturel ultramarin détruit par artificialisation
1 388
ha
sur la période 2000-2018
Principal milieu naturel ultramarin détruit par artificialisation
1 388 ha de forêts de feuillus ont été perdus par artificialisation entre 2000 et 2018 dans les Outre-mer français.
En France, le déclin de la biodiversité est donc majoritairement dû aux changements d’occupation des sols du fait de l'accroissement de l’urbanisation et des cultures agricoles intensives, qui occasionnent la perte, la fragmentation et des dysfonctionnements des espaces naturels. La Trame verte et bleue est un outil d'aménagement du territoire qui vise à freiner cette érosion en préservant, restaurant ou en développant les continuités écologiques.

Le centre de ressources sur la continuité écologique pour la mise en œuvre de la trame verte et bleue propose de nombreuses ressources pour accompagner la mise en œuvre de la trame verte et bleue.