État des milieux marins et littoraux

yellow and purple starfish

État des milieux marins et littoraux

Comment la biodiversité des milieux marins et littoraux douce évolue-t-elle en France ?

Mise à jour 01 décembre 2022

Les océans recouvrent près des trois quarts de la surface de la planète. Ils représentent plus de 90 % du volume habitable sur Terre pour le monde vivant. On estime qu’il existe entre 500 000 et plus de 10 millions d’espèces marines. Actuellement, environ 240 000 espèces marines ont été décrites (World Register of Marine Species). Les eaux sous juridiction française représentent plus de 10 millions de km², soit près de 3 % de la surface totale des océans. Ces vastes espaces bordent environ 18 000 km de côtes et sont distribués dans les océans Pacifique, Indien, Atlantique et Austral. Les régions ultramarines représentent environ 97 % de nos espaces marins. A elles seules, les eaux de Polynésie représentent près de 47 % du total. L’ensemble de ce patrimoine confère à la France une responsabilité singulière pour la gestion et la protection du milieu marin et littoral.

1. La diversité des habitats marins

1. La diversité des habitats marins

Les écosystèmes marins et littoraux sont composés d’assemblages d’espèces (des communautés biologiques) adaptées aux conditions locales présentes et historiques et qui interagissent entre elles. Ces communautés biologiques forment des habitats marins qui évoluent en permanence sous l’influence des facteurs naturels et des pressions d’origine humaine.

    C’est pourquoi il est important d’inventorier ces habitats et d’en suivre les évolutions, car celles-ci déterminent le devenir des écosystèmes qu’ils composent. On distingue de très nombreux types d’habitats et de communautés marines pélagiques (dans la colonne d’eau) et benthiques (sur les fonds marins).

    • Les habitats benthiques sont caractérisés par leur profondeur, leur distance à la côte, la présence de marée, la nature des substrats, la température, la latitude….
    • Les habitats pélagiques sont également caractérisés par de nombreux facteurs physiques, chimiques et géographiques.

    Les eaux sous juridiction française représentent plus de 10 millions de km², soit près de 3 % de la surface totale des océans.

    Les eaux françaises sont donc très largement situées au-dessus de fonds abyssaux : 86 % de leur surface surplombent des fonds entre 2 000 et 6 000 mètres de profondeur. La profondeur moyenne de nos eaux est ainsi d’environ 3 400 mètres et la profondeur maximale est proche de 7 600 mètres. Les eaux côtières, à moins de 50 mètres de profondeur, ne représentent qu’environ 1,3 % de la surface totale.
     

    Cartographie des aires marines protégées Olivier Debuf / OFB
    Ce qu'il faut retenir ...

    Les eaux françaises sont représentatives d’une large gamme de conditions biogéographiques, et hébergent de fait une part importante de la diversité des espèces marines et des habitats marins recensés dans le monde.

    2. Les habitats particuliers en France

    2. Les habitats particuliers en France

    Les récifs coralliens


    Les récifs coralliens sont présents dans toutes les collectivités d’Outre-mer situées dans la zone intertropicale, sauf en Guyane. Ils constituent le plus emblématique des écosystèmes tropicaux français du fait de son étendue, sa diversité géomorphologique, sa biodiversité et son taux d’endémisme important. Ils représentent une surface totale (récifale et non récifale) d’environ 57 500 km² pour l’ensemble de l’Outre-mer français, dont 90 % dans l’Océan Pacifique(source : EFESE, les milieux marins et littoraux, 2018), ce qui place la France au 4ème rang mondial.

    Paysage corallien riche en poisson et coraux de différentes espèces (Passe en S, Lagon de Mayotte) Aymeric Bein / OFB
    Corail de feu du genre Millepora platyphylla, des hydrocoralliaires très urticants (Parc naturel marin des Glorieuses) Clément Quétel / TAAF



    La France est le seul pays au monde à posséder des récifs coralliens dans trois océans. Elle possède 10 % des récifs frangeants et barrières et 20  % des atolls présents dans le monde. Les écosystèmes récifo-lagonaires de l’archipel néo-calédonien constituent le plus important ensemble corallien français.

    L’ensemble de ces récifs fait l’objet d’un suivi régulier depuis 1999 dans le cadre notamment de l’Initiative française pour les récifs coralliens (l’IFRECOR).

    La France a donc une responsabilité importante dans la préservation des écosystèmes coralliens. Ces écosystèmes complexes abritent une biodiversité particulièrement riche: un tiers des espèces marines connues vit dans les récifs. Le pourcentage de corail vivant est l'un des indicateurs pour mesurer l'état de santé de cet écosystème dans sa globalité.

    Site donnant accès à de nombreuses ressources et informations sur les récifs coralliens français
    IFRECOR Inititiave française pour les récifs coralliens

    Le site de l’initiative française pour les récifs coralliens propose de nombreuses ressources, informations et données sur les récifs coralliens et les herbiers marins de France.

    Ressources

    Consulter
     

    Indicateurs ONB

    Évolution de l'état des récifs coralliens

    29

    %

    en 2017

    Outre-mer

    Évolution de l'état des récifs coralliens

    Le recouvrement en corail vivant a diminué dans 29 % des stations suivies, d'après le dernier bilan établi en 2017.

    Les mangroves
    Tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) dans un bras de mangrove de l'île d'Europa (îles Éparses de l'océan Indien) Bruno MARIE - insularis@me.com

    Les mangroves sont des écosystèmes importants, présents dans toutes les collectivités d’Outre-mer situées dans la zone intertropicale, à l’exception de La Réunion et de la Polynésie française. Les mangroves françaises s’étendent sur environ 100  000 ha, soit un peu plus de 0,5 % de la surface globale de ces écosystèmes, qui sont présents sur 75 % des littoraux tropicaux du globe. La Guyane et la Nouvelle-Calédonie représentent plus de 90 % de nos surfaces de mangroves. Elles fournissent de nombreuses ressources (bois, nourriture, fourrage, plantes médicinales et miel).

    Elles sont également des habitats pour diverses espèces animales comme les crocodiles, les serpents, les tigres, les cerfs, les loutres, les dauphins et des oiseaux. Un large éventail de poissons, de mollusques et de crustacés dépend de ces forêts côtières.

    En retenant les sédiments issus de l’érosion des sols, les mangroves contribuent également à la protection des récifs coralliens contre l'envasement.

    En 2007, la FAO estimait que 20  % de la superficie mondiale totale de mangroves avait disparu entre 1980 et 2005. Sur la même période, les mangroves sous juridiction française ont perdu 6,5  % de leur surface.

     

    Indicateurs ONB

    Surfaces nationales de mangroves faisant l'objet de mesures de conservation

    57

    %

    en 2020

    Outre-mer

    Surfaces nationales de mangroves faisant l'objet de mesures de conservation

    57 % des mangroves nationales font l'objet de mesures de conservation (gestion)

    Les habitats marins de métropole
     

    En France métropolitaine, l’état de conservation des habitats marins d’intérêt communautaire est évalué tous les six ans dans le cadre de la directive européenne « habitats, faune, flore » (DHFF). La DHFF caractérise cet état de conservation sur la base de 4 grands paramètres : « aire de répartition », « surface d’habitat », « structure et fonction », et « perspectives futures » pour les habitats ; « aire de répartition », « population », « habitat d’espèces » et « perspectives futures » pour les espèces.

    Les herbiers de posidonie
     

    La Posidonie est une plante à fleurs endémique de la Méditerranée. Les herbiers qu’elle forme sont considérés comme un des écosystèmes les plus remarquables de Méditerranée, puisqu’ils sont un lieu de vie, d’alimentation mais aussi de ponte pour de nombreux poissons.

    3. La qualité des eaux marines et littorales

    3. La qualité des eaux marines et littorales

    Les eaux marines et littorales sont exposées à des pollutions diverses et variées d’origine humaine. Elles ont toutes des conséquences sur la qualité des eaux et donc la faune et la flore y vivant.

    État écologique des eaux de surface

    43,1

    %

    en 2018

    Métropole

    État écologique des eaux de surface

    43,1 % des rivières, des plans d'eau, des lagunes, des estuaires et des mers côtières sont en bon ou très bon état écologique.

    Par ailleurs, un trop fort apport en nutriments et en matière organique peut être à l’origine du phénomène d’eutrophisation, qui se manifeste par une prolifération d’algues microscopiques (blooms de phytoplancton) ou de macroalgues (marées vertes), entraînant un appauvrissement du milieu en oxygène.

    Cet appauvrissement du milieu en oxygène peut réduire la quantité de nourriture disponible voire déséquilibrer des chaînes alimentaires et des écosystèmes entiers. Par ailleurs, les marées vertes ont des conséquences négatives importantes pour l’économie des communes touristiques littorales concernées, et peuvent également représenter un danger sanitaire lors de la décomposition des algues.

    Phénomène d'érosion sur les falaises de la Côte d'Opale (Pas-de-Calais) Laurent Mignaux / Terra

    Enfin, le changement climatique peut également avoir des conséquences sur la qualité des eaux marines (lien pressions et menaces). La température des eaux de mer en surface augmente. L’océan absorbe en effet plus de 90 % de l’excès de chaleur accumulé dans l’atmosphère et dû aux activités anthropiques. Enfin, la fonte des glaciers et des calottes glaciaires provoque une élévation du niveau de la mer, ce qui pourrait exposer de nombreux littoraux à des risques de submersion marine, d'érosion côtière ou de salinisation des sols.

    Portail public du système d'information sur le milieu marin
    Milieumarinfrance

    Le portail Milieumarinfrance est le service public d’information sur le milieu marin, il donne accès aux ressources et données du système d’information sur le milieu marin

    Ressources

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    4. Les espèces du milieu

    4. Les espèces du milieu

    Les scientifiques estiment qu’il y a entre 500 000 et plus de 10 millions d’espèces marines dans les océans du monde.

    Les eaux françaises hébergent de façon permanente ou saisonnière la grande majorité des espèces de mammifères marins et des tortues marines, de très nombreuses espèces d’oiseaux marins et de poissons osseux et cartilagineux pélagiques.

    Fond marin du lagon de Mayotte : Un poisson-faucon à tâches de rousseur en livrée orange (Paracirrhites forsteri) posé sur le corail, une multitude d'anthias (Pseudanthias squamipinnis) ainsi que quelques autres poissons de type poissons-écureuils Aymeric Bein / OFB

    822

    espèces de poissons en France métropolitaine dont 90 % passent au moins une partie de leur vie en mer.

    En savoir plus

    La faune et la flore benthiques des fonds marins présentent également de grandes richesses, fonction de la bathymétrie, de la nature du substrat et de la latitude. Ainsi, à ce jour, 150 000 espèces marines sont connues dans nos eaux, soit plus de la moitié des espèces connues dans le monde.

    Dauphin commun (Delphinus delphis) en chasse en Baie de Douarnenez (Finistère) Livier Schweyer / OFB
    Fou de Bassan (Morus bassanus) dans le golfe de Gascogne Benjamin Guichard / OFB
    Requins pointes noires (Carcharhinus melanopterus) dans le lagon de Mooréa, Les Tipaniers (Polynésie) Nicolas Job / Heos marine
    Oursin granuleux (Sphaerechinus granularis) et gorgone blanche (Eunicella singularis), devant un herbier de posidonies (Posidonia oceanica) Emmanuelle Rivas / OFB

    Le suivi des espèces marines et littorales concerne leur état et notamment l'évolution de leur statut de menace (qui prend en compte leur répartition et leur abondance) et de leurs habitats. Ce suivi permet de donner l'alerte sur la dégradation des milieux dont ils constituent les vigies.

    5. Le rapport de l’évaluation française des écosystèmes

    5. Le rapport de l’évaluation française des écosystèmes

    Le rapport de l’évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (EFESE, Mongruel et al. 2018) publié en 2018 propose un résumé des principales tendances d’évolution globale de l’état des écosystèmes marins et littoraux.


    « Les écosystèmes côtiers sont les plus vulnérables car les plus exposés aux pressions anthropiques, dont les impacts se cumulent. Ils sont le réceptacle de pollutions chroniques d’origine terrestre qui s’y accumulent. L’état écologique des baies de Manche-Atlantique, des baies et lagunes méditerranéennes et des lagons en zone tropicale, montre ainsi que les apports de nutriments, provenant essentiellement des bassins versants, excèdent en beaucoup d’endroits la capacité de régulation des écosystèmes, ce qui induit des phénomènes d’eutrophisation. Les écosystèmes côtiers sont également soumis à des perturbations liées aux activités en mer, dont certaines (artificialisation du littoral, pêche avec certains engins traînants, extraction de granulats, infrastructures marines) peuvent avoir pour conséquence ultime la destruction physique d’habitats. Parce que peu résilients, les habitats construits par des espèces « ingénieures » sont très sensibles aux destructions, comme c’est le cas des récifs coralliens dont le temps de récupération peut atteindre plusieurs décennies.


    Bien que moins prégnantes qu’en zone côtière, les pressions qui s’exercent sur les écosystèmes marins du large sont nombreuses et croissantes. Des pressions telles que l’accumulation des métaux lourds et des molécules de synthèse (PCB) dans les réseaux trophiques, l’accumulation de déchets notamment plastiques dans le milieu, les prélèvements au-delà des seuils de durabilité, les rejets illicites ou les pollutions accidentelles, perturbent de plus en plus le fonctionnement des écosystèmes du large. Les écosystèmes profonds, peu résilients, font l’objet de demandes d’exploitation croissantes (extraction d’hydrocarbures et de minéraux, recherche de molécules), alors que seules certaines activités sont soumises à des mesures de précaution (pêche profonde).


    Le changement climatique induit déjà des modifications physico-chimiques des milieux (élévation de la température et du niveau de la mer, acidification, désoxygénation, stratification, courantologie) qui affectent la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins (répartition des espèces et des habitats, composition des communautés). Ces modifications affectent notamment le phytoplancton qui joue un rôle clé dans le fonctionnement de ces écosystèmes. L’élévation du niveau de la mer modifie également les conditions environnementales favorables au maintien des herbiers, des mangroves et des marais littoraux, et accroît les risques d’érosion côtière. En Outre-mer, l’élévation de la température de l’eau est une des principales causes des épisodes de blanchissement corallien, qui se multiplient et s’intensifient, pouvant conduire à la mort de l’écosystème. »

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