Les pressions sur les milieux d’eau douce

Barrage sur la Loire

Les pressions sur les milieux d’eau douce

Quelles pressions sont exercées sur ces milieux ?

Mise à jour 03 décembre 2022

Les activités anthropiques, c’est-à-dire générées par les humains, peuvent être à l’origine de pressions variées sur l’eau et les milieux d’eau douce. Elles sont susceptibles d’affecter leur qualité, leur fonctionnement, mais aussi la biodiversité qu’ils abritent. Ces impacts peuvent se répercuter sur les usages de l’eau et des milieux d’eau douce, et consécutivement la santé humaine. Ils peuvent enfin aggraver certains phénomènes naturels (érosion, inondations…).

1. La dégradation des milieux d'eau douce

1. La dégradation des milieux d'eau douce

La destruction et la dégradation des habitats aquatiques naturels et semi-naturels sont les principales menaces affectant la biodiversité des milieux d’eau douce. Ce type de pressions a souvent des conséquences irréversibles.

Cette dégradation peut prendre des formes multiples et affecter les écosystèmes et les espèces qui les composent :
 

Femelle saumon européen (Salmo salar) sautant sur le barrage Utxondoa, sur la Nivelle (Saint-Pée-sur-Nivelle, Pyrénées-Atlantiques) Jean-Pierre Borda / OFB
  • L'altération transforme les écosystèmes et dégrade la richesse patrimoniale : bétonisation des berges, enterrement du réseau hydrographique, coupe rase de la ripisylve, retournement des prairies alluviales, piétinement par le bétail...
     
  • La modification du régime naturel des cours d’eau et des écoulements affecte l'évolution naturelle des écosystèmes : chenalisation, gestion des débits, inondation et drainage artificiels, travaux de modification du cours d’eau (recalibrage, endiguement) favorisant l’accélération de la vitesse d’écoulement en période de crue et l’érosion des berges …
     
  • La fragmentation perturbe les dynamiques des écosystèmes, en dressant des barrières au déplacement des espèces, à l’écoulement de l'eau (barrages et digues). Les espèces de poissons migrateurs amphihalins (qui passent une partie de leur cycle de vie en mer et l’autre en eau douce) sont les plus concernées par cette menace, notamment par les barrages qui interrompent leur migration vers les zones de reproduction, comme c’est le cas pour le Saumon atlantique.

Diaporama : destruction et la dégradation des habitats aquatiques naturels et semi-naturels

De Pouilly-sur-Meuse au barrage de l'Alma. Thomas Schwab / OFB
Érosion des berges due au piétinement des bovins au ruisseau Fontaine de la Tréquinière St Amand (Deux-Sèvres) Michel Bramard / OFB
berges nue sous sapinière et ancien recalibrage Michel Bramard / OFB
 

Indicateurs ONB

Fragmentation des cours d'eau

1

obstacle tous les 4,16 km de cours d'eau

en 2023

Métropole

Fragmentation des cours d'eau

On dénombre en moyenne 1 ouvrage faisant obstacle à l'écoulement de l'eau tous les 4,16 km de linéaire de cours d'eau de métropole en 2023.

Portail public du système d'information sur l'eau
Eaufrance

Le portail d'information publique sur l'eau en France , eaufrance.fr présente une datavisualisation sur les obstacles à l'écoulement : "Mieux connaître les ouvrages qui jalonnent nos cours d’eau"

Ressources

Consulter
Ce qu'il faut retenir ...

Les impacts de ces pressions peuvent affecter le fonctionnement des milieux aquatiques, la qualité de l’eau, les niveaux et les débits, ainsi que la biodiversité. La santé humaine est aussi indirectement impactée par la dégradation du milieu.

2. Les espèces exotiques envahissantes des milieux d'eau douce

2. Les espèces exotiques envahissantes des milieux d'eau douce

Une espèce envahissante est une espèce introduite par l’Homme, volontairement ou par accident, dans un territoire qui n’est pas son aire de répartition naturelle et dont la présence menace les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes (présentes naturellement sur le territoire). De par leurs facultés d’adaptation, les espèces envahissantes induisent de graves perturbations écologiques, portant le plus souvent une atteinte à la biodiversité locale.

Quelques exemples de cas d'espèces exotiques envahissantes dans les cours d'eau

 

Diaporama photos d’espèces exotiques envahissantes des cours d’eau

Carpe commune (Cyprinus carpio) Yannick LEDORÉ / FFAL
Ragondin (Myocastor coypus) peter lösch / Pixabay
Myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum) Yoan MARTIN

La Renouée du Japon est une plante herbacée vivace qui colonise rapidement les bords de route, de voies ferrées et de cours d’eau grâce à ses rhizomes (tiges souterraines servant de réserves alimentaires chez certaines plantes). Originaire d’Asie orientale et maintenant fréquemment rencontrée en France, sa prolifération se fait au détriment de la flore locale.

Les deux espèces de Jussies sont des plantes aquatiques d’ornement qui prolifèrent dans les lacs et perturbent ainsi les écoulements tout en accélérant le comblement.

Renouée du Japon (Fallopia japonica), La lône de l'anse de Yenne : bras du Rhône (Ain) Béatrice Gentil / OFB
Jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) Émilie Vallez


Ces exemples de plantes exotiques envahissantes sont toutes deux très difficiles à éliminer.

Du côté de la faune, l’Écrevisse de Louisiane est une espèce exotique envahissante originaire du Mexique et des États-Unis. Elle fait concurrence à l’Écrevisse à pattes blanches, espèce autochtone qui était autrefois abondante sur l’ensemble du territoire. Ses populations ont diminué à cause de la détérioration des habitats, combinée à l’arrivée d’espèces exotiques envahissantes, telle que l’Écrevisse de Louisiane, porteuse d’une maladie mortelle pour l’écrevisse indigène. Cette dernière est protégée par l’arrêté du 21 juillet 1983.

 

Écrevisse à pattes blanches (Austropotamobius pallipes), Val des Choues à Voulaines-les-Templiers (Côte d'Or) Fabien Salles / OFB
Écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii) (Auvergne-Rhône-Alpes) Henri Carmié / OFB
Ce qu'il faut retenir ...

En France métropolitaine, le pourcentage de zones humides touchées par au moins une espèce envahissante ou proliférante est passé de 92,5% en 1990 à 99,1% en 2010.

Source: eaufrance

3. Les pollutions des milieux d'eau douce

3. Les pollutions des milieux d'eau douce

Les pollutions induites par les activités humaines sont extrêmement nombreuses et diversifiées :

  • elles peuvent être diffuses, c’est-à-dire rejetées sur de très grandes surfaces avec un effet sur le long terme, comme l’épandage de pesticides.
  • elles peuvent aussi être ponctuelles, avec des effets plus rapides et locaux.
     

Les pollutions peuvent créer des dysfonctionnements à différentes échelles :

  • génétique : mutations génétiques
  • de l'organisme : perturbations hormonales, aussi appelées perturbations endocriniennes, provoquant notamment l’intersexualité des poissons  
  • de la population : taux de reproduction
  • de l'écosystème : modification de la structure des communautés, fonctions écologiques amoindries ou disparues.

Portail public du système d'information sur l'eau
Eaufrance

Le portail d'information publique sur l'eau en France présente sa collection Mémo. Le 2eme volet est consacré à la thématique : "Une évaluation sur l'intersexualité des poissons de rivière"

Ressources

Consulter
Phénomène d'eutrophisation sur le Cusancin (Doubs) : recouvrement algal Sébastien Lamy / OFB
Le phénomène d'eutrophisation

L'eutrophisation par exemple, est une prolifération d’algues due à une accumulation de nutriments  dans un milieu. La présence anormalement excessive de ces algues cause l’absorption d’une grande quantité d’oxygène, pouvant aller jusqu’à un appauvrissement complet. L’écosystème aquatique finit par être asphyxié par manque d’oxygène.

 

L'État des masses d'eau

En 2015, en France, parmi les 10 706 “masses d'eau cours d'eau” :

  • 62,0 % sont en bon état chimique ;
  • 16,2 % n'atteignent pas le bon état chimique ;
  • 21,8 % sont en état indéterminé (les informations sont insuffisantes pour attribuer un état).

Toujours en 2015, parmi les 435 “masses d’eau plans d’eau” en France:

  • 84,3 % sont en bon état chimique
  • 5,1 % n’atteignent pas le bon état chimique
  • 10,6 % sont en état indéterminé (informations insuffisantes pour l’attribution d’un état)
Mesure de la qualité physico-chimique des eaux de surface de la rivière du Cusancin (Doubs) Sébastien Lamy / OFB
La pollution diminue

Depuis quelques années, la pollution des eaux douces par les matières organiques et les pesticides diminue, notamment grâce à la mise en place de mesures légales (tratements plus rigoureux des stations d’épuration, interdiction de certains herbicides, modifications du contenu des lessives…).

Plateforme d'accès aux données issues des relevés de qualité des cours d'eau en France (y compris biodiversité aquatique)
Naiades

Consulter les paramètres physiques, les concentrations de substances chimiques, les inventaires d'espèces et l'hydromorphologie sur environ 5 000 stations de mesure.

Ressources

Consulter

Évolution de la pollution physico-chimique des cours d'eau en métropole

-12

%

sur la période 1998-2017

Métropole

Évolution de la pollution physico-chimique des cours d'eau en métropole

La pollution des cours d'eau par les nitrates a baissé de 12 % entre 1998 et 2017.

Évolution de la pollution des cours d'eau par les pesticides en métropole

-20

%

sur la période 2008-2018

Métropole

Évolution de la pollution des cours d'eau par les pesticides en métropole

La pollution des cours d'eau métropolitains par les pesticides a diminué de 20 % entre 2008 et 2018.

Évolution de la pollution des cours d'eau par les pesticides dans les DOM

-21

%

sur la période 2008-2017

Outre-mer

Évolution de la pollution des cours d'eau par les pesticides dans les DOM

La pollution des cours d'eau des départements d'Outre-mer par les pesticides a diminué de 21 % entre 2008 et 2017.

Ce qu'il faut retenir ...

Les activités humaines peuvent conduire à l’introduction de nombreuses substances polluantes dans l’eau et les milieux d'eau douce, que ce soit par rejet direct dans l’eau (pollutions ponctuelles), soit par une pollution diffuse de tout le bassin versant

4. La surexploitation des milieux d’eau douce

4. La surexploitation des milieux d’eau douce

La première ressource exploitée des milieux aquatiques est l’eau.

Au cours du 20ème siècle, les prélèvements d’eau mondiaux ont augmenté deux fois plus vite que la taille de la population. La part de la ressource annuelle renouvelable d’eau douce prélevée par les activités humaines (hors agriculture pluviale) est passée de moins de 2 % à 10 % au cours du 20ème siècle. En savoir plus

Étiage sévère dans le Haut-Doubs sur la rivière Doubs qui passe dans le lac naturel de Chaillexon formé par la retenue naturelle du Saut du Doubs Depuis 2018, ce lac s'assèche en grande partie de plus en plus souvent et de plus en plus tôt. Le trafic des vedettes touristiques et toute l'activité touristique sont fortement dégradés. Sébastien Lamy, OFB

L’utilisation de la ressource en eau douce a un impact différent selon son abondance saisonnière. Durant la période estivale, son impact est plus important puisque 60 % des consommations en eau ont lieu à ce moment et que les niveaux d’eau sont déjà les plus bas de l’année. Certains territoires en France métropolitaine peuvent alors subir des épisodes de pénuries d’eau, globalement un grand quart sud-ouest du pays. Des mesures de restrictions provisoires sont mises en place pour limiter les usages de l’eau lors des périodes de sécheresse estivale.  

L’eau est dite “consommée” lorsqu’elle a été prélevée, puis absorbée, et n’est donc pas restituée directement dans les milieux naturels. Si elle est rejetée après utilisation, l’eau est “prélevée” (c’est le cas par exemple d’une grande partie du volume d’eau utilisé pour le refroidissement des centrales électriques).

La banque nationale des prélèvements quantitatifs en eau (BNPE) recense les informations sur les prélèvements sur la ressource en eau en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer.

Ressources

Consulter

Par ailleurs, d’autres ressources naturelles sont prélevées dans les milieux d’eau douce pour satisfaire les besoins humains (via la pêche, l’exploitation de plantes et l’extraction de matériaux tels que le sable). La surexploitation de ces ressources participe à l'érosion de la biodiversité directement exploitée, mais aussi de celle dépendant de ces ressources.

Ce qu'il faut retenir ...

L’activité la plus consommatrice en eau douce est l’agriculture (environ 45 % du total), puis viennent le refroidissement des centrales électriques (30 %), l’eau potable (20 %) et les usages industriels (5 %).

notre-gouvernement.fr

5. Les facteurs climatiques affectant sa biodiversité

5. Les facteurs climatiques affectant sa biodiversité

Les impacts directs du changement climatique affectent physiquement les espèces et les milieux naturels. Les températures plus élevées altèrent la résistance des organismes et les étiages (niveau le plus bas d’un cours d’eau) plus sévères limitent les habitats refuges disponibles…

Lac Léman Rock Freund / Pixabay


Les impacts indirects des facteurs climatiques résultent des réponses d'adaptation de la société.

La température des lacs est par exemple impactée par le changement climatique. Les eaux à la surface du lac Léman se sont réchauffées de 1,5°C entre 1970 et 2018. La température des zones profondes du lac (309 m) ne cesse d’augmenter depuis 2012, passant d’un minimum de 5,1 °C pour atteindre 5,8 °C en 2018. En savoir plus.

Les cours d’eau sont sujets à des épisodes de sécheresse plus fréquents, qui peuvent affecter la faune et la flore aquatiques des cours d’eau en question, mais aussi les zones humides qui en dépendent.

 

Portail public du système d'information sur l'eau
Eaufrance

Le portail d'information publique sur l'eau en France , eaufrance.fr présente une datavisualisation sur l'assèchement estival des cours d'eau de métropole sur la période 2012-2021

Ressources

Consulter
 

Indicateurs ONB

Petits cours d'eau asséchés en été

21,3

%

en 2022

Métropole

Petits cours d'eau asséchés en été

Les assecs représentent 21,3% des observations réalisées à l’été 2022.

Cette augmentation de température modifie l’équilibre chimique et biologique de l’eau, dont la qualité diminue. Elle accentue par exemple le phénomène d’eutrophisation (l’eau s’appauvrit en oxygène à cause d’une prolifération de végétaux aquatiques provoquée par une grande quantité de nutriments), qui impacte de nombreux organismes, notamment certaines espèces de macrophytes et macroinvertébrés.

Pour aller plus loin

Votre avis nous intéresse

Comment jugez-vous naturefrance en tant que portail d'information sur les données de biodiversité ?
CAPTCHA Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.